Trois ans de prison avec sursis requis contre l'octogénaire ayant aidé sa femme à mourir

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C.P.-R et Jean-Luc Boujon avec AFP , modifié à
Jean Mercier est jugé par le tribunal correctionnel de Saint-Etienne pour avoir avait aidé sa femme, gravement malade, à se suicider. Mardi, le parquet a requis à son encontre une peine minimale de trois ans de prison avec sursis.

C'est un homme de 87 ans qui comparaissait mardi, devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne, pour avoir assisté sa femme, atteinte d'une maladie incurable, dans son suicide. Le parquet de Saint-Etienne a requis une peine minimum de trois ans de prison avec sursis à l'encontre de Jean Mercier.

Non-assistance à personne en danger. Le procureur de la République, Jean-Daniel Regnauld, a reproché au prévenu non pas d'avoir aidé à sa femme à se suicider mais la non-assistance à personne en danger, en estimant que Jean Mercier aurait pu appeler les secours dans le laps de temps entre l'absorption de médicaments mortelle et le décès de son épouse. "Il avait possibilité d'agir et il ne l'a pas fait parce qu'il avait peur de se faire réprimander si elle revenait à la vie", a estimé le magistrat. "Ce n'est pas très glorieux mais il avait peur d'elle", a-t-il ajouté.

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Des propos qui ont suscité la colère de Marie-Pierre, la fille de Jean Mercier : "Pendant 50 ans, arriver à supporter tout ce qu'on a supporté pour elle ! Pour essayer de la rendre heureuse, de la soigner. Je rentrais du lycée, je ne savais pas si elle allait être encore vivante ou pas, si elle allait faire encore une tentative de suicide ou pas. Il l'a aidé à mourir, il en a conscience, il a sa conscience pour lui. Et on le soutient, car moi, si j'avais été à sa place, j'aurais fait la même chose", a-t-elle confié au micro d'Europe 1.

Un homme qui ne regrette rien. "Si vous pensez que je suis l'homme décrit par le procureur, je suis un lâche qui mérite la prison sans sursis", a déclaré le prévenu au tribunal. "C'est vrai que j'ai mieux vécu après. Mais, pour moi, c'est négligeable. J'ai pensé à elle. Elle ne pouvait plus vivre", a déclaré à Europe 1, Jean Mercier, après être sorti du tribunal. L'octogénaire avait indiqué, cette fois avant l'audience, qu'il n'avait "pas de regrets" et qu'il souhaitait même être condamné, tout en réclamant une loi digne de ce nom sur la fin de vie.

Le jour où c'est arrivé. Son épouse Josanne, 83 ans, souffrait de douleurs chroniques dues à l'arthrose depuis trois ans. Elle était également dépressive depuis 30 ans et avait fait plusieurs tentatives de suicide. Jusqu'au 10 novembre 2011, jour où son mari accepta de l'aider à décapsuler une quantité importante de médicaments et de lui apporter un verre d'eau, pour qu'elle les avale. Il avait attendu qu'elle décède pour appeler un médecin. Le jugement a été mis en délibéré au 27 octobre.