"Tournantes" : dix acquittés, 4 condamnés

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avec Guillaume Biet, Chloé Triomphe et AFP , modifié à
Les jurés n'ont reconnu des viols que pour l'une des deux plaignantes, Nina.

Au terme de trois semaines d'un procès à huis clos éprouvant, la cour d'assises du Val-de-Marne a finalement rendu son verdict dans l'affaire dite des "tournantes". Sur les quatorze hommes qui comparaissaient pour des viols collectifs contre deux jeunes filles dans des cités de Fontenay-sous-Bois de 1999 à 2001, dix ont été acquittés. Au moment du verdict, vers 1 heure du matin dans la nuit de mercredi à jeudi, les deux plaignantes étaient absentes du tribunal de Créteil.

Les viols sur Stéphanie ne sont pas reconnus

13 ans après les faits, quatre accusés ont été condamnés  : deux d'entre eux ont écopé de cinq ans dont quatre avec sursis, un troisième a été condamné à cinq ans dont quatre ans et demi avec sursis et le dernier à trois ans avec sursis. Les condamnés n'ont été reconnus coupables que des viols commis sur une seule des deux plaignantes, Nina. Lors du procès, ils avaient assuré que ces relations sexuelles étaient consenties. Les quatre hommes poursuivis pour les mêmes faits sur Stéphanie ont, eux, été acquittés.

Europe 1 a joint la jeune femme mais Stéphanie a été incapable de prononcer le moindre mot. Elle a d'ailleurs quitté la région parisienne dès mercredi soir par peur des représailles.

"Naufrage judiciaire"...

Pour les avocats des plaignantes, il s'agit d'un "naufrage judiciaire". "Quand on voit ce délibéré mi-figue mi-raisin, c'est aussi un signe que la justice dysfonctionne", a dit Me Laure Heinich-Luijer, avocate des deux jeunes femmes. "Treize ans après les faits, l'échec est là. Quelle peine aurait un sens, quand on entend que des coupables de viols en réunion sont condamnés à trois ans avec sursis, on s'interroge", a-t-elle ajouté.

Pour Me Clotilde Lepetit, une autre avocate des plaignantes, en revanche, "la cour d'assises a dit à Nina : 'on vous croit'". Elle a cependant fustigé "les conséquences d'un dossier mal instruit" et les "failles judiciaires" dans le cas de Stéphanie.

... contre "sentiment de justice"

Du côté de la défense, on estime au contraire que le "fiasco judiciaire" a été évité. "Il fallait que des personnes soient condamnées", a dit Me Amar Bouaou, l'avocat d'un condamné et d'un acquitté. L'un des acquittés a d'ailleurs fait part de son "sentiment de justice".