Tirs dans le Thalys : ces éléments qui intriguent les enquêteurs

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© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Chloé Triomphe et , modifié à
L’enquête se poursuit sur le profil et l’itinéraire d’Ayoub El Khazzani, alors que le suspect, toujours en garde à vue affirme avoir voulu braquer les voyageurs du Thalys. Une ligne de défense loin de convaincre les policiers.

Il nie depuis le début de sa garde à vue l’intention terroriste de son geste. Mais si Ayoub El Khazzani, monté à bord du Thalys 9364 lourdement armé, évoque une tentative de braquage, les enquêteurs privilégient la piste terroriste, au regard des éléments matériels recueillis sur son profil. Le portrait du vagabond, un peu perdu, vivant de petits trafics et de vols et soudainement embarqué dans un projet de braquage d’un Thalys, les enquêteurs n’y croient pas.

Comment s’est-il procuré son arsenal ? Ils croient encore moins la version du suspect pour expliquer la provenance de l’arsenal dont il était en possession lors de son arrestation en gare d’Arras, où le train a été détourné. Rien de moins qu’un fusil d’assaut kalachnikov et neuf chargeurs pleins, un pistolet automatique Luger et un chargeur 9 mm, ainsi qu’un cutter. Ayoub El Khazzani maintient qu’il a trouvé ces armes dans une valise, cachée dans l’espace vert qui borde la gare de Bruxelles, d’où il est monté à bord du Thalys, vendredi soir.

"Des SDF lui auraient dit que, dans ce train, il y avait de l'argent", a rapporté sur Europe 1, dimanche, Me Sophie David, qui l’a assisté dans les premières heures de sa garde à vue. Mais à Bruxelles, où l’envoyé spécial d’Europe 1 a montré une photo d’Ayoub El Khazzani aux nombreux SDF du quartier, personne n’a reconnu ni vu le suspect. Pour les enquêteurs, la question de l’origine des armes soulève l’hypothèse d’éventuelles complicités.

Deux portables en expertise. Un autre élément intrigue fortement les policiers. D’après une source de l’enquête, deux téléphones portables ont été retrouvés sur le tireur présumé. Et, détail significatif, la ligne téléphonique de l’un des deux venait d’être activée. Or, c'est un modus operandi habituel de ceux qui s’apprêtent à commettre une action terroriste.

Retracer l’itinéraire d’El Khazzani. Enfin, les enquêteurs tentent de retracer le parcours du jeune Marocain, arrivé en Espagne à ses 18 ans. Il y a d’abord son signalement pour radicalisation, en février 2014, par les services de renseignement espagnols. Alertés, les services français créent une fiche "S" pour Ayoub El Khazzani, afin de le suivre dans ses déplacements. C'est ainsi que le 10 mai dernier, le suspect est repéré au départ de Berlin pour Istanbul en Turquie, porte d’entrée de la Syrie. 

Après l'Espagne, c'est en Belgique que le suspect aurait résidé en 2015, comme l'a indiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, mais aussi probablement en France, d’après le père du suspect lui-même, Mohammed El Khazzani. Le sexagénaire originaire de Tétouan au Maroc, a évoqué dans le quotidien britannique The Telegraph, un emploi d’un mois dans une société de téléphonie en Seine-Saint-Denis.   

Il y a donc encore beaucoup de zones d’ombres que les enquêteurs tenteront de combler avant la fin de la garde à vue d’Ayoub Al-Khazzani, mardi, à 18 heures.