Tir de flash-ball : trois policiers bientôt devant un tribunal

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avec Noémie Schulz et AFP , modifié à
JUSTICE - Trois policiers devront comparaître pour avoir grièvement blessé un homme d'un tir de flash-ball, en 2009, lors d'une manifestation à Montreuil.

Ils seront finalement trois devant la justice. Trois policiers ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir grièvement blessé un homme d'un tir de flash-ball, en 2009, lors d'une manifestation à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Les trois fonctionnaires ont été renvoyés la semaine dernière pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente", a précisé une source judiciaire. Ils encourent une peine de 10 ans de prison et 150.000 d'amende.

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"Un cas avéré de violence en réunion". "Le renvoi de trois policiers devant les tribunaux et la mise en cause de leur hiérarchie est un fait rarissime", a réagi dans un communiqué le "collectif du 8 juillet", créé après ces événements par les victimes et par leurs proches. Par cette décision de renvoi, la juge d'instruction "admet qu'il ne s'agit pas d'un acte isolé, ni d'une bavure, mais d'un cas avéré de violence en réunion", insiste le collectif. "En signalant les nombreuses anomalies qui caractérisent cette opération de maintien de l'ordre, elle révèle que la hiérarchie policière est compromise dans les violences de ce soir-là".

Un jeune homme perd un œil. Le 8 juillet 2009, de violents heurts avaient opposé des forces de l'ordre et des manifestants soutenant les occupants expulsés d'une clinique désaffectée, dans cette commune aux portes de Paris. Joachim Gatti, réalisateur âgé de 34 ans à l'époque, qui participait à ce rassemblement, a perdu son œil droit à la suite d'un tir de flash-ball.

Des versions contradictoires. La préfecture de Seine-Saint-Denis avait indiqué que les policiers avaient riposté aux projectiles des manifestants en utilisant ce pistolet à balles en caoutchouc non perforantes. La famille de Joachim Gatti dénonce au contraire des tirs sans sommation alors que la situation était bon enfant. Une information judiciaire avait alors été ouverte pour déterminer les circonstances de ce tir.

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Une enquête et des policiers mis en examen. A l'issue d'une enquête de l'Inspection générale des services, la "police des polices", les trois policiers avaient été mis en examen en septembre de la même année. Celle-ci avait conclu que des policiers n'avaient apparemment pas respecté les règles d'utilisation du flash-ball, en vigueur dans la police, lors du tir incriminé.

Le parquet de Bobigny avait requis début avril le renvoi d'un seul des trois policiers, mais devant la cour d'assises, chargée de juger les affaires criminelles. La juge d'instruction en charge du dossier a finalement décidé de renvoyer les trois fonctionnaires, mais devant un tribunal correctionnel, ayant estimé que les faits constituaient un simple délit.

"La certitude d'être condamné". Ce procès réjouit les parties civiles, même s'il arrive longtemps après les faits. Leur avocat y voit notamment l'occasion de dénoncer la dangerosité de ces flash-ball. Au contraire, l'avocat du policier accusé d'avoir blessé Joachim Gatti s'inquiète : "au tribunal de Bobigny, l'action de la police est très critiquée. Être jugé là-bas, c'est la certitude d'être condamné".