Tibéhirine : les moines auraient été décapités post-mortem

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C'est ce qu'a révélé jeudi l'avocat des familles au lendemain de la visite en Algérie du juge Trévidic. Me Baudoin dénonce cependant "une confiscation des preuves".

Les sept moines de Tibéhirine, enlevés puis tués en Algérie en 1996, ont été décapités après leur mort. C'est ce qui ressort des premières conclusions des experts français qui ont accompagné le juge antiterroriste Marc Trevidic dans le pays la semaine dernière, selon les déclarations jeudi de l'avocat des familles des victimes, Me Baudoin.

La délégation française a pu assister à l'exhumation des crânes des moines et à diverses analyses médico-légales la semaine dernière en Algérie.

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Quel était le but de ce voyage ? Officiellement, les sept moines de Tibéhirine sont morts égorgés par les combattants du GIA (le Groupe islamique armé). Le groupe avait revendiqué cette mort dans un communiqué le 21 mai 1996, un mois après l'enlèvement des religieux. Seules leurs têtes ont été rendues et inhumées à Tibéhirine, les corps n'ont jamais été retrouvés.

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Mais depuis 2009, la justice française a élargi le champ de ses investigations. Un témoignage algérien évoque en effet une possible bavure de l'armée algérienne, qui aurait mitraillé le bivouac des ravisseurs avant de maquiller la mort des moines en exécution par décapitation. Les autopsies et scanners des moines visaient notamment à chercher d'éventuelles traces de balles et tenter de déterminer si les têtes ont été coupées ante ou post-mortem.

Quelles en sont les premières conclusions ? Aucune trace de balle n'a été décelé sur les crânes des moines. Cependant, les experts français penchent aujourd'hui pour la thèse d'une décapitation post-mortem, selon Me Baudoin. L'avocat a également expliqué jeudi que la mort pourrait être antérieure au communiqué émis par le GIA le 21 mai 1996 qui faisait jusqu'ici office de date, de facto. Problème :  aujourd'hui, les enquêteurs français n'ont pas la certitude qu'il s'agit bien des cranes des moines : ils dépendent désormais d'analyses ADN menées par les Algériens.

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Cette visite est-elle satisfaisante ? En partie seulement. L'avocat des familles de victimes a dénoncé jeudi une "confiscation des preuves" par l'Algérie qui a refusé que le juge d'instruction français rentre en France avec les prélèvements réalisés sur les restes des religieux. Ce dernier a ainsi dû se contenter de ramener de simples photos des têtes, contrairement à ce qui semble avoir été convenu initialement. Me Patrick Baudouin a évoqué leur "terrible déception" de voir les investigations bloquées "par ce refus de transfert en France des prélèvements opérés" par l'équipe du juge Marc Trevidic. Selon lui, si ce blocage persiste "on pourra en déduire que c'est une sorte d'aveu, de reconnaissance d'une implication des services algériens".