Lyon : un attentat déjoué en septembre ?

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avec Julien Pearce , modifié à
Les conversations téléphoniques de deux frères islamistes radicaux ont déclenché une opération des services de renseignement. Des armes et tout le matériel pour mener une opération ont été retrouvés lors des perquisitions.

On en sait plus sur une enquête antiterroriste lancée dans le Rhône en septembre dernier. Des investigations qui prennent un nouvel écho à la lumière des attentats de Paris. Selon le journal Le Progrès (payant), une enquête de la Direction générale de sécurité intérieure (DGSI) sur une filière djihadiste dans la région de Lyon révèle qu’un attentat y aurait été déjoué de justesse en septembre dernier. Et cette affaire comporte une similitude avec l’attentat à l’arme automatique contre Charlie Hebdo : les suspects sont deux frères, Karim et Reda Bekhaled. Deux jeunes islamistes radicaux de Vaulx-en-Velin dans la banlieue de Lyon.

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Une conversation téléphonique inquiétante. C’est l’interception  d’une conversation téléphonique entre les deux frères, affiliés au groupuscule extremiste Forsane Alizza, selon le journal, qui va tout accélérer dans ce dossier. L'un des frères dit à l'autre : "c'est pour mi-septembre, il faut tout préparer pour le 16 et après c’est à vue". Pour les enquêteurs de la DGSI, ces propos lourds de sous-entendus, laissent présager d’un passage à l’acte imminent.

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48 heures de cavale pour un des frères. Les policiers interviennent le 16 septembre au matin. Karim Bekhaled est interpellé mais Réda parvient à échapper au coup de filet. Sa cavale dura pendant deux jours. 48 heures, durant lesquelles "la crainte d’un passage à l’acte était maximale" pour les forces de l’ordre. Le fugitif est finalement interpellé à quelques kilomètres seulement de son domicile, à Meyzieu, en possession d’un revolver calibre 38 chargé. Une arme, composante d’un impressionnant arsenal.

Kalach, cagoule, brouilleur d’ondes et gyrophare. Dans les deux appartements des Bekhaled, les policiers de la DGSI ont mis la main sur une Kalachnikov et des munitions. Ils découvrent également tout l’équipement permettant une action synchronisée et préparée avec soin : des gilets de police, des cagoules, des caméras miniatures, des talkie-walkie, des cagoules et même un brouilleur d'ondes et un gyrophare. Autre détail qui permet de prendre la mesure de l’état d’esprit des deux hommes, dans une de ces habitations, les enquêteurs ont découvert une clé USB branchée sur la box internet de l'un des frères. Elle permettait ainsi de diffuser en permanence le drapeau des djihadistes du groupe Etat Islamique sur une télévision.

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Quelle était la cible des Bekhaled ? Pour l’heure, les enquêteurs n’ont aucune certitude quant à la cible déterminée par les deux frères djihadistes présumés. Les soupçons varient selon les déclarations d’autres personnes interpellées dans le cadre de ce dossier. Certains évoquent un braquage en vue de financer le djihad, d’autres vont jusqu’à évoquer des attentats suicides à la ceinture explosive. Une autre hypothèse est également envisagée par les enquêteurs. Il s’agit d’une "supposition" sur un projet d’un attentat contre une soirée du Crif, le  Conseil représentatif des institutions juives de France, qui devait se tenir à Lyon dans les locaux de l’hôtel de la région Rhône-Alpes... au lendemain de leur interpellation, le 17 septembre.