Sylvie Leclerc sera-t-elle la nouvelle "Jacqueline Sauvage" ?

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Image d'illustration. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP , modifié à
Cette femme de 54 ans a tué son compagnon d'une balle dans le thorax en mai 2012. "Un geste de survie libérateur", plaide son avocate alors que son procès s'ouvre lundi. 

Une nouvelle "Jacqueline Sauvage" ? Sylvie Leclerc, 54 ans, est-elle une nouvelle Jacqueline Sauvage, qui aurait tué son compagnon pour se délivrer de son emprise ? C'est la question que devra trancher la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle à partir de lundi. Un soir de mai 2012, elle avait tué son compagnon, un éboueur de 58 ans, à bout portant avec un fusil d'une balle dans le thorax, tandis qu'il dormait dans le lit conjugal de leur appartement situé à Jarville-la-Malgrange, près de Nancy en Meurthe-et-Moselle. Aux voisins chez qui elle se réfugie peu après, elle justifiera son acte en disant qu'il la harcelait.

"Un geste de survie libérateur". "Ce geste est celui d'une femme violentée pendant 35 années, un geste de survie libérateur", déclare son avocate, Nathalie Tomasini, qui explique que sa cliente était sous l'emprise de son compagnon. Bien que cette emprise n'ait pas été physique mais plutôt psychologique, le dossier présente, selon l'avocate, des similitudes avec un autre dossier qu'elle a aussi défendu : celui de Jacqueline Sauvage, 68 ans, condamnée en décembre à dix ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son mari violent par les assises du Loir-et-Cher, avant de bénéficier d'une grâce partielle du président de la République.

Des points communs avec Jacqueline Sauvage. Selon Me Tomasini, "le point commun entre les deux dossiers est le phénomène d'emprise et le fait que le passage à l'acte soit déclenché par un stimulus qui ravive les traumatismes vécus depuis des années". Une version cependant vivement contestée par l'un des avocats de la partie civile, Me Rui Manuel Pereira. "C'est une femme fragile et sous emprise, mais ce n'était pas du fait de son compagnon, elle s'est enfermée elle-même dans ce processus", explique-t-il.

Jusqu'à 30 ans de prison. Lors des auditions, la quinquagénaire, qui enchaînait des emplois précaires, avait décrit un compagnon colérique, jaloux et impulsif, qui l'insultait, l'humiliait et la contraignait à mener une vie recluse. "Ils vivaient en vase clos", explique Me Pereira, en dénonçant que l'histoire soit "réécrite par la seule survivante". Plusieurs expertises ont conclu à l'altération du discernement de l'accusée au moment des faits, ce qui laisse à la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, la faculté de réduire la peine encourue de la perpétuité à une peine de 30 ans de réclusion. Le verdict est attendu jeudi.