Saint-Denis : le propriétaire riposte

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Mathieu Charrier avec , modifié à
ENQUÊTE - Après l'incendie dans son immeuble, cet homme se défend d'être un marchand de sommeil.

L'incendie qui a fait trois morts dans la nuit de samedi à dimanche dans un immeuble insalubre de Seine-Saint-Denis relance la polémique sur les marchands de sommeil. Plusieurs élus appellent les pouvoirs publics à se mobiliser contre les propriétaires qui louent des logements insalubres à des prix trop élevés, comme l'immeuble du 39 rue Gabriel-Péri, à Saint-Denis. Mais interrogé par Europe 1, son propriétaire nie être un marchand de sommeil.

Pas de loyer versé ?

"C'est sûr, il y a des appartements en mauvais état, mais c'est squatté depuis des années. Jamais aucun loyer n'a été versé. Nous avons appelé la police, des procédures ont été engagées", assure cet homme qui possède plusieurs sociétés immobilières dont certaines ont été liquidées.

"Lui ne paye pas les charges"

Pompiers

Mais selon des informations d'Europe 1, aucune plainte n'a été déposée par ce propriétaire. Et ce dernier vient réclamer chaque mois son loyer. "A chaque fois, le propriétaire du bâtiment vient pour me dire : 'paye-moi'. Chaque mois on lui donne le loyer avec les charges, mais lui ne paye pas les charges", déplore un locataire de l'immeuble au micro d'Europe 1.

Une version confirmée par la mairie de Saint-Denis. Selon la municipalité, les charges ne sont pas payées. Au total, la mairie a dénombré plus 150.000 euros de dettes de copopriété, gérées par le frère du propriétaire. Un montage familial mafieux selon Stéphane Peu, adjoint au maire de Saint-Denis en charge du logement.

"C'est un système mafieux"

"Ils ont fabriqué la dégradation financière de la copropriété. L'immeuble se dégradant, les biens se sont dévalorisés, ces messieurs rachetaient des biens dévalués. C'est un système mafieux", estime l'élu. Stéphane Peu avait d'ailleurs donné l'alerte dans une lettre envoyée au procureur de la République il y a un peu moins d'un an. Il n'a reçu aucune réponse.

Immeuble

Même son de cloche du côté de l'une des victimes, une Ghanéenne de 53 ans, qui était locataire depuis 13 ans. En décembre, elle avait alerté la mairie, qui avait elle-même prévenu le parquet. "Depuis 5 ans, nous n'avons jamais eu de réponse du parquet de Bobigny", a affirmé le maire. "On s'interroge pour savoir s'il n'a pas les moyens de faire ou a relégué le problème dans l'échelle de ses priorités." Le parquet répond qu'une enquête menée par le service spécialisé départemental qui s'occupe de l'habitat insalubre, l'Utile, avait démarré dès le signalement, en décembre.