Retour sur les lieux du meurtre d'Agnès

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Une reconstitution va être effectuée vendredi, en présence du meurtrier présumé.

Vendredi, en début d'après-midi, des plaies vont se rouvrir chez les élèves du collège-lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. Mathieu, ancien interne de l'établissement et meurtrier présumé d'Agnès, sera de retour dans les bois alentour, où le corps de la jeune fille de 13 ans avait été retrouvé en novembre.

"C'est un acte de l'instruction normal dans ce type d'affaires", a tenu à rappeler le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Pierre Sennes. Les enquêteurs tenteront d'établir l'enchaînement des faits qui ont conduit au viol et au meurtre d'Agnès Marin, dont le corps avait été retrouvé calciné deux jours après sa disparition.

"Les ficelles du Yo-Yo sont solides"

Au cours de la reconstitution, Mathieu sera invité à reprendre pas à pas le chemin suivi le jour du drame. Selon le dossier d'instruction auquel Le Monde a eu accès, les deux jeunes seraient rentrés en contact ensemble par téléphone, pour aller chercher dans la forêt des champignons hallucinogènes.

Muni d'un couteau, d'une ficelle de Yo-Yo et d'essence à briquet, le jeune homme de 17 ans se serait promené avec Agnès dans la forêt attenante à leur établissement scolaire. Avant de lui faire vivre un supplice. "Les ficelles du Yo-Yo sont solides, ça peut aller, c'est du polyester", raconte-t-il, selon le dossier d'instruction.

"Pour moi, elle n'existait plus"

Au cours de ses entretiens avec les enquêteurs par la suite, il confiera avoir "pris du plaisir, sur le coup". "Pour moi, elle n'existait plus, je ne pensais pas à elle", ajoute-t-il. Le quotidien du soir précise même qu'il lui arrivait de sourire devant le juge au cours de ses auditions. Depuis le drame, Mathieu n'a semble-t-il jamais exprimé de regrets. Bien que mineur au moment des faits, il encourt la réclusion à perpétuité.

Mathieu est en détention provisoire depuis novembre 2011. Mais le jeune homme avait déjà été mis en examen pour viol sur une mineure en août 2010 dans le Gard. Il avait ensuite effectué quatre mois de détention provisoire avant d'être placé sous contrôle judiciaire fin 2010.

L'expert avait exclu toute "psychopathie"

Selon Le Monde, le rapport d'un pédopsychiatre qui avait examiné le suspect suite à ce premier viol, expert près la cour d'appel de Montpellier, considérait que cette personne n'était "pas dangereuse" et qu'il n'avait pas de "troubles à dimension perverse". Il avait exclu toute "psychopathie", soulignant qu'"un suivi en ambulatoire était suffisant".

Comment l'expert a-t-il pu arriver à de telles conclusions ? Le meurtrier présumé a lui-même donné quelques pistes pour comprendre, au cours de plusieurs interrogatoires. "Un psy, ça ne sert à rien, je mens tout le temps, celui qui est en face de lui me ressemble mais ce n'est pas moi", avoue-t-il. Ou encore : "j'ai à moitié embrouillé l'expert-psychiatre", d'après les documents que Le Monde s'est procurés.

Deux juges ont été saisis dans le cadre de l'information judiciaire ouverte pour assassinat et viol sur mineure de moins de 15 ans. Ils devraient clore l'instruction d'ici quelques mois et le suspect pourrait être renvoyé devant la cour d'assises des mineurs de la Haute-Loire. Le procès pourrait se dérouler en 2013, à huis clos.