Rapt de l'hôtelière à Nice : sept personnes mises en examen

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G.S. avec AFP , modifié à
Sept personnes sont devant le juge pour les 48 heures de calvaire de l'hôtelière enlevée à Nice. 

Moins d'une semaine après le spectaculaire enlèvement de Jacqueline Veyrac, riche et discrète hôtelière de la Côte d'Azur, détenue 48 heures dans une camionnette, six personnes ont été mises en examen pour enlèvement, séquestration et extorsion et cinq placées en détention. Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, est également revenu lors d'une conférence de presse sur l'"impressionnant" récit que la vieille dame de 76 ans a fait de sa détention, pieds et poings liés, bouche fermée, et parfois yeux bandés.

Les six personnes encourent la réclusion criminelle à perpétuité du fait de la qualification retenue d'association de malfaiteurs en bande organisée. Une septième personne a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire pour non empêchement de crime. Il s'agit d'un policier à la retraite reconverti en détective privé qui aurait été informé du rapt mais n'aurait pas prévenu la police. Il encourt jusqu'à 5 ans d'emprisonnement.

Un contentieux financier ? Parmi les sept personnes déférées, un restaurateur italien, Giuseppe S. apparaît d'ores et déjà comme le commanditaire présumé du rapt. Installé à Nice, il avait géré, entre 2007 et 2009, le restaurant La Réserve, sur le bord de mer de Nice, un établissement appartenant à la famille Veyrac. En 2009, sa société avait été mise en liquidation et il en aurait, selon les éléments recueillis par les enquêteurs, conçu une rancoeur tenace à l'égard de sa propriétaire : le rapt, au cours duquel une demande de rançon a été formulée, aurait eu pour but de récupérer ainsi l'argent perdu à l'époque.

Deux autres sont soupçonnés d'avoir pu participer à l'organisation elle-même du rapt: Luc G., dit "Tintin", ancien photographe de presse et paparazzi, aurait ainsi placé une balise sous le véhicule de Mme Veyrac pour la pister. Un citoyen britannique au passé trouble, un temps soldat engagé dans des opérations extérieures de l'armée britannique, aurait assuré des surveillances. Les autres mis en cause apparaissent comme des hommes de main qui auraient participé directement à l'enlèvement de Mme Veyrac, lequel avait été perpétré par trois hommes, lundi midi, en plein coeur de Nice.

" Elle est restée attachée avec des 'serre-flex' "

48 heures sans manger. La justice devrait également tenter d'établir un lien avec une précédente tentative de rapt, en 2013 de l'hôtelière, dans des circonstances similaires, que Mme Veyrac avait alors réussi à déjouer. Enlevée lundi midi alors qu'elle se rendait à son parking, situé derrière son domicile du quartier des Musiciens à Nice, Mme Veyrac avait été retrouvée 48 heures plus tard, ligotée sur le plancher du véhicule utilitaire qui avait servi à son enlèvement.

Un habitant des collines niçoises avait remarqué que l'une des plaques d'immatriculation du véhicule garé près de chez lui s'était légèrement détachée et laissait apparaître une autre plaque. Il avait alors repéré la kidnappée et l'avait libérée avant de donner l'alerte. Dans l'intervalle, "elle est restée attachée avec des 'serre-flex' (collier de serrage en plastique, ndlr) aux poignets et aux chevilles, la bouche et même parfois les yeux fermés par des rubans adhésifs", a raconté le procureur. Elle "est parvenue par deux fois à se libérer de ses liens" et est "presque parvenue à sortir du véhicule ", a souligné le procureur, indiquant que Mme Veyrac "portait des blessures aux points où elle était attachée, blessures qu'elle s'était faites elle-même en essayant de se libérer".

D'autres pistes avaient initialement été envisagées par la justice, notamment celle d'un litige familial sur la succession paternelle, ou celle d'un conflit lié à une vente supposée du Grand Hôtel de Cannes, fleuron du patrimoine de cette famille niçoise vivant dans la plus grande discrétion.