Quand Domino's Pizza refuse de livrer dans les cités

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Martin Feneau avec
Pour des raisons de sécurité, la chaîne de pizzeria ne se rend plus dans certaines rue de Poissy, dans les Yvelines. Les habitants se disent stigmatisés.

Faut-il parler de liste noire ? La question est posée après cette décision de Domino's Pizza de ne plus livrer dans certains quartiers de Poissy, près de Paris. Là-bas, plusieurs des employés se seraient en effet fait agresser, voler leur argent, leurs pizzas et leur scooter. L'entreprise préfère donc éviter les risques en interdisant à ses livreurs de se rendre dans certaines cités sensibles de cette ville des Yvelines. Une décision mal vécue par les habitants des quartiers incriminés, qui n'hésitent pas à parler de discrimination.

Neuf adresses sur liste noire. Le message est placardé sur le comptoir de la pizzeria. Au total, neuf adresses sont estampillées "hors livraison", parce que jugées trop dangereuses. L'entreprise assure que leurs livreurs ont été victimes d'agressions gratuites dans ces quartiers. Domino's Pizza propose donc aux clients concernés de se déplacer une rue plus loin, où d'aller récupérer la commande dans un lieu public.

"Je n'appellerai plus Domino's Pizza". Mais en lisant ces quelques lignes, les clients visés tournent les talons, sans même passer commande. Abdul et ses copains, qui habitent rue Beauregard, une zone sensible qui figure sur la liste, se disent stigmatisés. "Je n'appellerai plus Domino's Pizza. Ils ne veulent pas livrer là-haut. Ce n'est pas normal, nous, on veut être servis comme tout le monde. On veut être livré à la maison, ou au pire, en bas de l'escalier. C'est choquant. Soit on livre tout le monde, soit on livre personne", réagit le jeune homme agacé. "Je trouve ça aberrant", ajoute un autre.

"Les gens de là-bas ne sont pas tous des voyous." Alors Abdul a décidé de passer commande dans une autre pizzeria, au bout de la rue. Là, le patron envoie ses livreurs dans tous les quartiers de la ville, même s'il y a parfois des agressions. "Parfois, on arrive avec les pizzas chez le client et il n'y a pas de client. Le livreur monte les escaliers et quand il redescend, des jeunes l'agressent à l'arme blanche, pour des pizzas. Ils lui prennent ses pizzas et son scooter. Vol de scooters, agression, j'ai eu la totale. Mais je continuer à livrer le lendemain. Il ne faut pas faire d'amalgame. Les gens de là-bas ne sont pas tous des voyous. Et puis c'est aussi les risques du métier", estime le concurrent de Domino's Pizza.

Alors que Domino's Pizza boycotte certains quartiers, lui a acheté de nouveaux antivols pour ses scooters et conseille à ses employés d'être rapide et prudent.