Procès Méline : la mère raconte son "acte d'amour"

  • Copié
Noémie Schulz avec C.P.-R. et M.-A.B. , modifié à
Jugée depuis lundi pour le meurtre de sa fille handicapée en 2010, Laurence Nait Kaoudjt a raconté comment elle a réalisé ce qu'elle qualifie d'un "acte d'amour".

Elle a raconté la dernière journée de sa fille. Au second jour de son procès, devant la cour d'assises de Rennes, c'est un récit bouleversant et très éprouvant qu'a livré Laurence Nait Kaoudjt, accusée d'avoir tuée en 2010 Méline, sa petite fille de huit ans, lourdement handicapée.

"C'est maman qui t'aime". Ce soir-là, elle donne un demi-Lexomil et du Doliprane à sa fille pour être sure qu'elle soit endormie. "Je voulais juste qu'on parte, mais sans lui faire de mal", explique-t-elle. La voix déchirée par les sanglots, l'émotion et la douleur, Laurence raconte alors comment elle s'est assise à côté de Méline et comment elle a tiré sur l'écharpe, tout en lui parlant : "c'est maman qui t'aime".

"Je lui ai donné la vie, je lui ai repris la vie". Dans la salle d'audience, le temps semble figé à l'écoute de ce terrible récit d'une mère qui tue son enfant et qui dit agir par amour. Car Laurence l'a répété plusieurs fois : "c'était un geste d'amour, il n'y avait pas d'autre solution. Je lui ai donné la vie, je lui ai repris la vie", assure-t-elle.

Et quand le président de la cour, Philippe Dary, l'interroge : "mais vous comprenez le rôle de la cour d'assises ?""Oui, je le comprends parce que je suis en vie", répond l'accusée. "Si j'étais morte, on aurait parlé d'un drame de la désespérance", poursuit-elle.

"Je souffre de son absence". "Mais il y avait quand même des infrastructures pour vous aider Madame, pour accueillir Méline", pointe l'avocat général. D'une voix calme, mais glaciale, la mère lui répond : "j'ai du mal à comprendre le fait que l'on ne comprenne pas la situation. Si ma fille dormait ou ne dormait pas, est-ce que la société était à côté de moi pour m'aider ?", lance l'accusée avant d'ajouter : "on dit : 'vous êtes entourée', mais par qui ?".

Puis Laurence conclut : "je sais que ma fille est heureuse là où elle est, qu'elle ne souffre pas. Et moi, je souffre de son absence".