Procès Meilhon : la jumelle de Laetitia Perrais face à l'accusé

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Jessica Perrais aux obsèques de sa sœur jumelle en 2011. © AFP
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M.-A.B. avec AFP , modifié à
C'est la première fois mercredi que la sœur de Laetitia Perrais, tuée et démembrée en janvier 2011, s'exprimait devant le meurtrier présumé, Tony Meilhon.

"Joyeuse" mais "réservée". Les proches de Lætitia Perrais, tuée et démembrée en janvier 2011, ont décrit mercredi à Rennes une jeune fille "pleine de vie" et "déterminée". Mais Laetitia était aussi "influençable", selon sa sœur jumelle, Jessica, qui témoignait pour la première fois devant l'accusé Tony Meilhon.

"C'est la première fois que je parle devant vous". Lors du procès en première instance, en mai 2013, Jessica Perrais, trop choquée, n'avait pu s'exprimer à la barre. Mercredi, devant la cour d'assises d'appel, où est rejugé Tony Meilhon, c'est une jeune femme de 23 ans, à la voix assurée, qui s'est présentée. "C'est la première fois que je parle devant vous et devant Tony Meilhon", dit-elle d'emblée au président de la cour d'assises d'appel, Philippe Dary. "Il m'a enlevé une personne très chère à mes yeux, elle me manque tous les jours, tout ce que je voudrais c'est qu'elle soit à mes côtés", confie la jeune femme.

Elle a réclamé de l'accusé qu'il "dise la vérité". "Ca fait quatre ans que ça dure, j'aimerais qu'on en finisse une bonne fois pour toutes", confesse-t-elle.

"Elle m'écoute de là-haut, elle me voit". Petite brune aux cheveux courts et lunettes, vêtue d'un jean aux bretelles pendantes derrière ses jambes, Jessica assure : "elle m'écoute de là-haut, elle me voit, tout ce que j'ai traversé dans les épreuves de la vie". La jeune femme fait ainsi référence notamment aux viols et agressions sexuelles dont elle a été victime de la part de Gilles Patron,  "père d'accueil" chez qui les jumelles avaient été placées à partir de 2005. Ce dernier a été condamné l'an dernier à huit ans de prison.

Une jeune fille "joyeuse, réservée et timide". Toute la journée, consacrée aux auditions des parties civiles, les témoignages se sont succédé, dressant le portrait de la victime. Une jeune fille "joyeuse, réservée et timide", selon de nombreux témoins, qui avait "toujours le sourire", dit son oncle, en larmes.

"Tout ce qui était de l'ordre du privé restait privé. Elle était très discrète, très agréable, rieuse", se rappelle Karine Laviolette, la référente Aide Sociale à l'enfance du Conseil général qui suivait les jumelles dans leur placement. Cette dernière se réjouissait que Lætitia "maîtrise de plus en plus sa propre vie", même si Gilles Patron freinait selon elle son désir d'autonomie.

Comment a-t-elle suivi Meilhon ? A la quinzaine de témoins venus déposer mercredi à la barre, le président posera inlassablement la même question : comment expliquer que Lætitia ait pu suivre Tony Meilhon, un homme plus âgé qu'elle et qu'elle connaissait depuis peu, le soir du 18 janvier 2011 ? Cela semble inconcevable pour tous les témoins. "Elle ne voyait pas le mal dans la vie", avance de son côté Gaëlle Patron, une des enfants du couple d'accueil. "Il a dû représenter l'interdit, la nouveauté, ça a dû prendre sens pour Lætitia", tente Karine Laviolette. 

Aurait-elle été séduite par l'accusé ? "Séduite, je ne pense pas", répond  sa jumelle. "Influencée par Tony Meilhon. Il lui a peut-être dit des choses", ajoute Jessica qui confie que sa sœur, tout comme elle, était "influençable".  Quelques minutes auparavant, elle avait déclaré que toutes deux "pourraient monter dans une voiture qu'on ne connaît pas". 

Une audition "clé" jeudi. Tony Meilhon, qui admet l'homicide, a été condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans accompagnée d'une possible rétention de sûreté. Il conteste avoir découpé le cadavre. Il accuse un homme qui doit être entendu jeudi.