Procès des "cols rouge" : la "colère" de la famille du mime Marceau

L'Hotel Drouot
L'Hotel Drouot © JEAN-PIERRE MULLER / AFP
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Chloé Triomphe avec C.B , modifié à
La famille du mime Marceau fait partie des victimes et des parties civiles du procès des personnels de l’Hôtel Drouot, poursuivis pour vols.

On les appelle les "cols rouges" ou encore les "Savoyards". Ces employés chargés auparavant de la manutention et du transport d'objets destinés aux ventes de l'Hôtel Drouot, sont accusés d'avoir dérobé des objets précieux ou des vieux meubles récupérés dans des successions. Des vols commis avec la complicité de certains commissaires-priseurs, également appelés à comparaître. Ces deniers sont accusés d'avoir revendu ces objets rares en empochant le produit de la vente. La famille du mime Marceau fait partie des victimes et des parties civiles dans ce procès.

>> Camille, l’une des filles de l’artiste disparu, raconte à Europe 1 les vols colossaux commis par les "cols rouge" au préjudice de son père.

"La brutalité avec laquelle tout était enlevé". Selon les "flics de l’art", ces pratiques auraient débuté en 2006 et concernent plus de 6.000 objets d’art, soit des millions d’euros si l'on met bout à bout tous les objets volés par les "cols rouges". Au total, plus de 250 tonnes d’objets ont été retrouvés dans les containers des commissionnaires à Bagnolet. Parmi les lots retrouvés : des antiquités, des meubles de collection, des toiles de maître, des bijoux, mais aussi des grands crus ou plus banalement des livres, de la vaisselle ou du petit électroménager.

Entendu sur europe1 :
Notre père conservait toute sa vie, son œuvre, ses tableaux, ses souvenirs de voyage et de sa carrière dans une maison

Concernant la famille Marceau, les "cols rouge" sont suspectés de lui avoir volé près de 20 mètres cubes d'objets et d'affaires diverses. "Notre père conservait toute sa vie, son œuvre, ses tableaux, ses souvenirs de voyage et de sa carrière dans une maison. Dans un premier temps, le commissaire-priseur fait des inventaires. Ensuite, il s’en va. Là, tout est enlevé. A cette époque, on avait été frappé par la fébrilité et la brutalité avec laquelle tout était enlevé, même ce qui n’était pas dans les inventaires", rappelle Camille Marceau au micro d’Europe 1.

"On pensait que tout ce qui n’avait pas été vendu nous reviendrait". Le système était toujours le même : le commissaire-priseur passait faire la liste des objets qui l'intéressait et les "cols rouges" étaient chargés de les transporter jusqu'à Drouot. En chemin, ils se servaient dans ce qui restait, avant de revendre leur butin un peu plus tard, en salle des ventes, avec la complicité de commissaires-priseurs peu regardants. "Après, il y a les ventes. On pensait que tout ce qui n’avait pas été vendu nous reviendrait. Mais le jour où l’on était censé récupérer les invendus, il y avait trois vieux cartons, quatre affiches. Notre colère a éclaté. On a compris immédiatement qu’on avait été floué", se souvient la fille Marceau.

Après sept ans d’enquête, les flics de l’art ont mis au jour ce système bien orchestré. De nombreux objets ont donc pu être restitués à leurs propriétaires. "Quand on a découvert que ces vols avaient eu lieu, que les objets avaient été retrouvés, notamment les costumes de scène, on a ressenti un sentiment de soulagement. Mais toujours une très grande colère", résume Camille Marceau, présente au procès qui doit se tenir jusqu’au 4 avril.