Procès Bettencourt : les relations de Woerth et Maistre examinées

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Pierre de Cossette avec , modifié à
L'ancien ministre du Budget et l'ex gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt sont poursuivis pour trafic d'influence devant le tribunal correctionnel de Bordeaux.

"Je n'ai pas négocié cette Légion d'honneur" pour Patrice de Maistre, l'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Et "l'embauche de mon épouse" n'en est pas la contrepartie, a martelé lundi l'ex-ministre UMP Éric Woerth. Les deux hommes comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Bordeaux où ils sont poursuivis pour trafic d'influence dans le "volet financier" de l'affaire Bettencourt.

Le poste de Florence Woerth et la Légion : "deux dossiers parallèles". C'est un étrange dialogue de sourds qui s'est tenu lundi au tribunal correctionnel de Bordeaux. D'abord, d'un côté de la barre : Eric Woerth qui jure n'avoir jamais négocié l'embauche de son épouse, Florence Woerth, chez Clymène, la holding financière ayant pour but de faire fructifier les dividendes du groupe L'Oréal. Et surtout, qu'il n'a pas, en contrepartie, remis la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, directeur-général de Clymène en 2007. Une décoration qu'il a pourtant lui-même épinglé sur la veste de l'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, l'héritière de l'Oréal. Pour Eric Woerth, ces deux dossiers sont deux lignes parallèles qui ne se rejoignent pas.

Des liens ambigus avec Patric de Maistre. De l'autre côté, Denis Roucou, le président du tribunal, accrocheur, voire provocateur, demande à Eric Woerth s'il ne fait pas semblant de ne pas comprendre. D'abord concernant ces liens avec Patrice de Maistre. Le président du tribunal le titille par exemple sur une dédicace rédigée en 2006, avec inscrit "en toute amitié", signée de la main d'Eric Woerth, alors trésorier de l'UMP. Ce dernier répond qu'il a signé des dizaines de dédicaces du même genre.

Une Légion "pour ses compétences professionnelles". Concernant la demande de Légion d'honneur, Eric Woerth confirme qu'il l'a bien transmise après avoir rencontré Patrice de Maistre dans le cercle des donateurs de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Il assure toutefois que c'est seulement sur ses qualités professionnelles que le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt l'a obtenue.

"On n'est pas là pour un deuxième round". Les débats glissent alors vers le financement politique de la campagne du candidat UMP, en 2007, par le clan Bettencourt. Le président demande si la Légion d'honneur ne serait pas une contrepartie. Cette fois, c'est le procureur qui monte au créneau. Car le dossier a déjà été purgé. Pour le parquet, la preuve du "lien de cause à effet" entre la décoration attribuée à Patrice de Maistre et le recrutement de Florence Woerth "n'a pu être formellement rapportée". En mai 2013, le ministère public avait en effet requis un non-lieu. "On n'est pas là pour un deuxième round", s'agace donc le procureur.

Un Patrice de Maistre perdu. Au milieu de tout ça, Patrice de Maistre semble perdu : "je ne m'étais pas préparé à me retrouver ici", reconnait-il, lui qui a opportunément choisi de ne pas accrocher à sa veste le ruban rouge qui lui vaut aujourd'hui d'être devant le tribunal.

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