Procès Barbot : les amants diaboliques demandent (encore) "pardon"

Un membre de la famille d'Anne Barbot porte en souvenir une photo d'elle, à l'ouverture du procès de Didier Barbot et sa maîtresse, jeudi 14 janvier 2016.
Un membre de la famille d'Anne Barbot porte en souvenir une photo d'elle, à l'ouverture du procès de Didier Barbot et sa maîtresse, jeudi 14 janvier 2016. © AFP
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CB avec AFP
Didier Barbot et Stéphanie Livet, contre lesquels des peines de 30 et 25 ans de réclusion ont été requises, se sont exprimés avant que la cour d'assises ne se retire pour délibérer.

C’est le "pardon" de la dernière chance. Avant que la cour d’assises de Loire-Atlantique ne se retire pour délibérer, lundi après-midi, les "amants diaboliques" ont demandé une nouvelle fois "pardon". Plus tôt dans la journée, des peines de 30 et 25 ans de réclusion ont été requises contre Didier Barbot et sa maîtresse Stéphanie Livet, jugés pour avoir tué la femme de l’accusé, Anne Barbot, en mars 2013, avant de brûler son corps dans une voiture.

"Je lui ai enlevé la vie. C'est impardonnable". "J'ai détruit Anne, sa famille, la mienne. Mon père ne s'en est jamais remis, j'ai sali le nom Barbot (...). Et puis j'ai détruit aussi tous mes amis, je les ai trahis, je leur ai menti, je leur demande pardon à eux aussi", a déclaré Didier Barbot, un agriculteur de 42 ans. Et d’ajouter à propos de son épouse : "Je lui ai enlevé la vie. C'est impardonnable, je le sais." La maîtresse, Stéphanie Livet a, elle aussi, adressé ses excuses. "Je demande pardon. Ce que j'ai fait est impardonnable", a lancé Stéphanie Livet, une ancienne aide-soignante de 40 ans.

Il jouait le mari éploré devant les caméras. Didier Barbot et Stéphanie Livet sont accusés d'avoir attiré Anne Barbot, alors âgée de 38 ans, dans le garage de son habitation à Vritz (Loire-Atlantique), où elle a été frappée et étranglée. Puis son corps, placé dans le coffre de sa voiture, a été brûlé dans une forêt, à environ 15 km de là, dans la nuit du 15 au 16 mars 2013.

Didier Barbot avait lui-même signalé la disparition de son épouse à la gendarmerie le lendemain des faits, puis pris la tête des recherches pour la retrouver, jouant au mari éploré. "Avec tous les amis, on a parcouru 25 kilomètres à la ronde, dans les chemins, la forêt, les étangs, tout. On n'a rien, on n'a pas de nouvelle, on n'a pas de véhicule, on n'a aucune piste", avait-il déclaré face aux caméras de France télévisions. Le corps calciné d'Anne Barbot avait été découvert le 28 mars, mais l'autopsie n'avait pas permis de déterminer la cause exacte du décès. Il aura fallu aux gendarmes huit mois d’enquête pour remonter jusqu’au mari et sa maîtresse, en couple depuis septembre 2010, qui avaient fini par passer aux aveux, le 26 novembre 2013.

"J'assomme mais je n'assume pas". Si le procès a permis d’établir la responsabilité des amants le soir du crime, des incertitudes demeurent concernant le rôle de chacun dans l’élaboration du projet criminel. "C'est moi Didier Barbot, j'assomme mais je n'assume pas. Et moi Stéphanie Livet, j'achève, mais je ne brûle pas", résume, en entamant le dernier jour d'audience lundi, l'avocat général Pierre Dupire. Selon lui, chacun des accusés, lors des sept jours de débats devant la cour d'assises, a livré sa version des faits, sa "vérité", en minimisant son rôle.

Il réclame, au terme d'un réquisitoire de près de deux heures, "une peine adaptée à chacun", et demande aux jurés d'écarter "le mobile passionnel", ce crime étant pour lui "rationnel", avec la "perversion" comme "moteur". "Ils ont fait un choix à deux, ils sont tous les deux dans la manipulation", insiste-t-il, relevant toutefois une "différence fondamentale" entre les deux accusés : "Didier Barbot a tué sa propre femme, Stéphanie Livet, une rivale. La préparation de cet assassinat, elle est clairement l'apanage de Didier Barbot. Stéphanie Livet, elle adhère au projet, mais ce n'est pas elle qui mène la danse".

"Un crime passionnel" pour la défense. Pour la défense, l'avocate de Stéphanie Livet, Me Céline Pellerin-Goubaud, plaide pour le "crime passionnel" et appelle la cour à tenir compte de la "fragilité psychologique" de sa cliente. Cette dernière a participé "à un projet criminel par amour, un amour pathologique pour un homme qui se joue d'elle, qui ne l'a jamais aimée". "Ce sont des assassins par accident. Ce ne sont pas des amants diaboliques, mais des amants perdus et égocentrés", enchaîne Me Franck Boezec, l'un des deux avocats de Didier Barbot.