Prince saoudien braqué : comment les enquêteurs ont confondu les suspects

L'hôtel de luxe George V près des Champs Elysées à Paris
L'hôtel de luxe George V près des Champs Elysées à Paris d'où était parti le prince saoudien. © PATRICK KOVARIK / AFP
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Guillaume Biet avec Cécile Bouanchaud et AFP , modifié à
Une douzaine de personnes, placées en garde à vue lundi, devraient être mis en examen, dans l'enquête sur l'attaque spectaculaire, à Paris, d'une voiture du convoi d'un prince saoudien.

C'était un braquage retentissant. L'été dernier, sur le périphérique parisien, un commando armé attaque le véhicule transportant les bagages d'un riche prince saoudien, qui venait de séjourner à l'hôtel George V. Montant du butin : plus de 600.000 euros. Neuf mois plus tard, une douzaine de suspects ont été arrêtés cette semaine par la police judiciaire et sept d'entre eux vont d'être présentés à un juge en vue de leur mise en examen.

Un complice interne, licencié quelques mois avant. Selon les informations d’Europe 1, les braqueurs ont bénéficié d'une complicité interne. Celle d’un homme, âgé de 50 ans, qui a pu renseigner toute l’équipe de malfaiteurs. Le suspect est un ancien chauffeur de la société de Limousine qui transportait le prince et toute sa suite. Plusieurs mois avant l’attaque, il a été licencié, parce qu’il n’avait plus de permis. C’est lui qui aurait fourni de précieuses informations aux braqueurs. Les enquêteurs sont même persuadés qu’il a participé à l’attaque du convoi.

Un braquage retentissant. Ce convoi d'une dizaine de voitures était parti de l'hôtel George V près des Champs-Élysées, pour rallier l'aéroport du Bourget. Mais vers 21 heures, au niveau de la Porte de la Chapelle, à la lisière nord de Paris, une demi-douzaine de malfaiteurs, équipée d’armes de poing, s’attaque au convoi. Coup de chance pour les braqueurs ce soir-là, le fourgon Mercedes qui transporte les bagages du prince a pris de l’avance sur le reste du cortège.

Les malfrats l’ont donc facilement coincé sur la bretelle d’accès à l’autoroute A1, avant d’en prendre le volant, et de se partager les centaines de milliers d’euros et de dollars trouvés à l’intérieur de l’intendance du prince Abdel Aziz Ben Fahd, dernier des fils de l'ex-roi Fahd d'Arabie saoudite. Un homme d'affaires rentier et multimillionnaire, ex-ministre, précédé d'une réputation de noceur, playboy et bon vivant.

Un commando hétéroclite. L'enquête avait été ouverte pour "vol avec armes en bande organisée". Et quelques suspects sont "assez rapidement" identifiés peu après les faits. Mais les enquêteurs manquent de preuves "pour les accrocher" immédiatement. Un "travail de fond" est donc entrepris, notamment par des éléments de "flux financiers", autour de ces suspects, permettant d’en identifier d’autres.

Les enquêteurs découvrent alors un commando hétéroclite, composé de voyous de cité, associés pour l’occasion à des gens du voyage. Les suspects, âgés de 27 à 51 ans, sont connus de la justice. Et c’est d’ailleurs en prison que certains d’entre eux se sont rencontrés.

Un suspect reconnaît sa participation. Avant le braquage, les malfrats s’étaient retrouvés à Clichy-sous-Bois pour les derniers préparatifs. A cette époque, les policiers de la BRI de Versailles les suivaient discrètement, mais n’avaient pas la moindre idée de ce qu’ils préparaient. Neuf mois plus tard les enquêteurs pensent avoir résolu l’affaire. Même si l’argent liquide n’a pas été retrouvé en perquisition. Et en garde à vue, un seul suspect a reconnu avoir pris part au braquage.