Salah Abdeslam ne s'est pas exprimé devant les juges

Salah Abdeslam.
Salah Abdeslam. © DSK / POLICE NATIONALE / AFP
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avec AFP , modifié à
Le seul terroriste survivant des attentats de Paris devait s'exprimer devant les juges d'instruction, vendredi. Convoyé au palais de justice, il n'a pas souhaité s'exprimer.

L'audition était très attendue pour la suite de l'enquête sur les attentats du 13 novembre. Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos djihadistes des attentats du 13 novembre, devait être entendu vendredi par les juges d'instruction à Paris. Mais l'interrogatoire a pris fin avant midi, le suspect n'ayant "pas souhaité s'exprimer aujourd'hui."

  • Une audition écourtée

L'audition de Salah Abdeslam "est terminée", "il n'a pas souhaité s'exprimer aujourd'hui" et a indiqué "qu'il le ferait plus tard", a déclaré l'un de ses avocats, Frank Berton, vers 11h. Selon une source judiciaire contactée par Europe 1, le suspect a refusé d'emblée de répondre aux questions du juge, faisant valoir son droit au silence, sans expliquer pourquoi. Il n'a pas souhaité confirmer ou infirmer ses précédentes déclarations devant la police et la justice belge. Salah Abdeslam est "maître du moment où il choisira de parler", a estimé Frank Berton.

"C'est une attitude parfaitement scandaleuse. Tant Salah Abdeslam que ses conseils continuent d'exercer une forme de manipulation de l'opinion publique", a réagi Olivier Morice, un avocat des parties civiles, qui doivent être reçues pour la première fois par les juges d'instruction du 24 au 26 mai à Paris.

Frank Berton a par ailleurs déploré que son client soit placé sous video-surveillance en permanence dans sa cellule de Fleury-Mérogis. "Il se sent épié 24H sur 24, ça ne le met pas dans de bonnes conditions", a indiqué Me Berton à la presse. L'avocat compte saisir le ministre de la Justice à ce sujet.

  • Un déplacement sous surveillance

Salah Abdeslam était arrivé vendredi au palais de justice de Paris. Parti au petit matin, le convoi du suspect - un véhicule banalisé noir, escorté par les forces de l'ordre et suivi par un hélicoptère - était arrivé un peu avant 7h15. Deux heures plus tard, Frank Berton était monté vers les bureaux du juge. 

Prévu pour durer toute la journée, l'interrogatoire devait être le  premier d'une série. Salah Abdeslam, arrêté le 18 mars à Bruxelles puis transféré à Paris, mais jamais interrogé par les enquêteurs en France, devait être répondre à des magistrats antiterroristes. La date de cette audition avait été annoncée devant les caméras par Frank Berton, à l'issue de sa mise en examen le 27 avril à Paris, notamment pour assassinats terroristes.

  • Les espoirs des enquêteurs déçus 

Son rôle dans les attentats. Arrêté à Molenbeek, son quartier, après plus de quatre mois de cavale, Salah Abdeslam est le seul protagoniste direct des attentats entre les mains de la justice française. Au cœur de la cellule, au soir des tueries et bien avant, il apparaît comme un acteur central de l'expédition meurtrière du 13 novembre qui a fait 130 morts et des centaines de blessés. 

Abdeslam est celui qui a déposé les trois kamikazes du Stade de France avant d'être exfiltré vers la Belgique. Avant les attentats, c'est lui qui a loué des véhicules et des planques en région parisienne. Dans les mois qui précèdent, il a multiplié les voyages pour convoyer des membres du réseau à travers l'Europe, notamment Najim Laachraoui, possible artificier du 13 novembre mort en kamikaze lors des attentats du 22 mars à Bruxelles.

Des informations cruciales à la clef ? En amont de ce procès, Frank Berton avait pourtant indiqué que son client avait "envie de s'expliquer". "Il veut collaborer car il a des comptes à rendre, mais pas à la Belgique", avait également indiqué son frère, Mohamed Abdeslam, début avril.Les enquêteurs espéraient qu'il pourrait livrer des informations cruciales sur la conception du projet djihadiste, ses commanditaires et d'éventuels complices encore dans la nature.