Policiers tués sur le périphérique : familles et policiers unis dans la douleur à l'ouverture du procès

L'accusé encourt jusqu'à 20 ans de réclusion (photo d'illustration).
L'accusé encourt jusqu'à 20 ans de réclusion (photo d'illustration). © MARTIN BUREAU / AFP
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avec AFP , modifié à
L'accusé, multirécidiviste, présente un profil trouble. Familles des victimes et policiers cherchent à comprendre et demandent la peine maximale.

Familles des victimes et policiers unis dans la douleur : le procès du chauffard qui, ivre et sans permis, a tué deux policiers en percutant leur voiture sur le périphérique parisien en 2013, s'est ouvert dans une ambiance tendue devant la cour d'assises de Paris. Seul accusé dans le box, Malaminne Traoré, 25 ans, athlétique, portant le bouc et le crâne rasé, est jugé pour violence sur personnes dépositaires de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner, un crime passible de 20 ans de réclusion.

L'accusé était ivre. "L'ambiance est forcément tendue parce que le procès qui s'ouvre est celui de l'un des drames les plus épouvantables qui ait récemment frappé la police parisienne", a souligné l'avocat des parties civiles, Me Thibault de Montbrial. Le 21 février 2013, Boris Voelckel, 32 ans, et Cyril Genest, 40 ans, tous deux policiers au sein de la Bac nord parisienne, ont été tués quand leur voiture a été percutée près de la porte de la Chapelle, par un 4x4 qui avait été pris en chasse par la police. Un troisième policier, Frédéric Kremer, présent à l'audience, a été grièvement blessé dans cet accident. Traoré sortait d'une discothèque. Il avait 1,4 gramme d'alcool par litre de sang, près de trois fois la limite légale, et était en défaut de permis. 

Volontaire ou pas ? L'accusé conteste le caractère volontaire de son acte : "la disposition des lieux ne lui permettait pas de voir le véhicule de police car un camion imposant lui masquait la vue", a expliqué son avocat, Me Yassine Bouzrou. Pourtant, dans un message enregistré durant la course poursuite sur le répondeur de l'ex-petite amie du passager qui accompagnait Traoré dans le 4x4, les enquêteurs ont pu entendre ce dernier prononcer ces mots : "Je ne m'arrête pas, j'ai pas le permis."

Multirécidiviste. "Je présente mes condoléances aux familles", a bredouillé l'accusé à l'audience, provoquant la fureur de l'une des veuves des policiers qui a brandi un portrait de son mari et de son fils en lui lançant : "Tu la vois cette photo, tu la vois ?" Interrogé sur sa personnalité, l'accusé égraine des banalités, parle d'une enfance heureuse, d'échecs scolaires et d'une difficulté à savoir ce qu'il veut faire dans la vie. Son passé judiciaire ne plaide pas en sa faveur. Dix condamnations dont sept pour des conduites sans permis, souvent en état d'ivresse. Au moment des faits, il n'avait effectué qu'un mois de détention et attendait de comparaître en avril 2013 pour des faits similaires, commis en novembre 2012, pour lesquels il écopera de 4 mois ferme. Interrogé sur la persistance de son attitude en dépit des condamnations, il plaide : "J'étais inconscient, naïf."

"On attend la peine maximum". "Le mot multirécidiviste ne devrait pas exister dans le dictionnaire. S'il avait été derrière les barreaux, mon mari serait encore vivant et mon petit garçon aurait son papa", a déclaré la veuve de l'un des policiers, Céline Voelckel. "M. Traoré nous a tout pris, il voulait se taper du flic et j'ai beaucoup de colère envers lui", a ajouté l'autre veuve, Aurélie Genest. "On attend la peine maximum. Je veux que cela serve aux policiers qui ne font pas ce métier pour être tués mais pour faire régner l'ordre", a-t-elle ajouté. Le procès est prévu jusqu'au 2 décembre.