Plan Vigipirate : les CRS sont épuisés

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Chloé Pilorget-Rezzouk avec Frederic Michel et AFP , modifié à
Epuisées, trois compagnies de CRS se sont mises en arrêt maladie, afin de protester contre les effets du renforcement du plan Vigipirate. 

Ils n'en peuvent plus. Trois mois après le renforcement du Plan Vigipirate suite aux attentats ayant touché Paris, les CRS sont éreintés. Afin de protester contre ces conditions de travail, les effectifs de trois compagnies de CRS se sont mis collectivement en arrêt maladie, a-t-on appris mardi de sources syndicales policières. 

Des effectifs soumis à rude épreuve. Le mouvement a démarré à Toulouse vendredi, puis a atteint les compagnies de Lyon et Nancy, mardi, alors qu'elles devaient venir en renfort Vigipirate en région parisienne. "On a tapé sur les repos et la formation, les CRS n'en peuvent plus", a assuré Nicolas Comte, responsable d'Unité police SGP-FO, le second syndicat de gardiens de la paix et de CRS. Il y a un "ras-le-bol" sur "l'emploi très tendu des effectifs" en raison de Vigipirate, a-t-il rapporté. Les hommes se disent "épuisés" et "inquiets sur les possibilités de tenir à long et moyen terme à ce rythme" a-t-il mis en garde.

Six heures debout, équipés d'un pare-balles de 10 kg. La charge de travail la plus pesante concerne les missions de protection devant les lieux sensibles, surveillés jour et nuit depuis les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, en janvier dernier. "Ce sont des missions difficiles. C'est un minimum de 6 heures de garde statique avec un gilet pare-balles qui pèse dix kilos et ce sont des missions de plus en plus longues", souligne Nicolas Comte.

"Les organismes n'en peuvent plus, sont fatigués". "Ce n'est pas un refus de travailler. C'est vraiment un mal-être lié dû au suremploi", explique pour sa part Davis Baudoin, représentant du syndicat dans l'Est, gagnée à son tour par la grogne. "On est que début avril et cela veut dire que les collègues ont déjà passé plus de huit weekends en déplacement. C'est un emploi incessant", regrette-t-il. Et la vie familiale en prend un coup : "il n'y en a plus. C'est la grosse difficulté", déplore le syndicaliste.  "On n'a pas de rythme de récupération. Quand vous êtes devant un média avec un gilet pare-balles sur le dos de minuit à 6 heures du matin, ou de 22h à heures, et que vous (recommencez) dès le lendemain à 13 heures. Les organismes n'en peuvent plus, sont fatigués".

Environ 1.000 CRS réquisitionnés. Aux lendemains des attaques perpétrées par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, le plan Vigipirate a en effet été rehaussé au niveau "alerte attentats" pour l'Ile-de-France et les Alpes-Maritimes et "vigilance renforcée" pour le reste de la France. Ces niveaux ont déjà été prolongés jusqu'au 10 avril et le seront pour "plusieurs mois", avait-on appris de source gouvernementale début mars.

En moyenne, un millier de CRS sont mobilisés chaque jour, selon les sources syndicales, auxquels s'ajoutent 10.500 militaires protégeant 830 "sites sensibles" sur le territoire national dont 310, principalement juifs, en Ile-de-France.

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