Opération contre l'ETA : imbroglio autour de l'interpellation de personnalités

L'opération policière a été menée vendredi soir près de Bayonne.
L'opération policière a été menée vendredi soir près de Bayonne. © IROZ GAIZKA / STR / AFP
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Rédaction Europe1.fr avec AFP , modifié à
Le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme a démenti avoir été interpellé lors d'une opération policière franco-espagnole près de Bayonne. "J'aurais dû y être", explique-t-il après des annonces contradictories.

L'interpellation vendredi de personnalités, dans ce qui est présenté par Madrid et Paris comme une opération policière franco-espagnole contre l'organisation clandestine et séparatiste basque espagnole ETA provoque un imbroglio inattendu. A Louhossoa, près de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), cinq personnnes ont été interpellées. Mais pas l'avocat Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des Droits de l'Homme, un temps annoncé parmi les cibles de l'opération.

"J'aurais dû y être", a expliqué Michel Tubiana au Monde dans la nuit de vendredi à samedi. Autres personnalités dont l'interpellation a été annoncée : le dirigeant du mouvement écologiste Bizi!, Jean-Noël Etcheverry, dit Txetx, Michel Berhocoirigoin, ancien président de la Chambre d'agriculture du Pays Basque, Michel Bergougnan, coopérateur viticole dans l'appellation basque Irouléguy, et une journaliste Béatrice Haran-Molle.

Armes, explosifs et munitions. L'opération policière, sur commission rogatoire du Parquet anti-terroriste à Paris, a été menée par des enquêteurs de la police judiciaire française, notamment de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), de la Brigade recherches et d'intervention (BRI) de Bayonne et des policiers de l'unité d'élite du Raid, assistés de policiers de la Guardia Civil espagnole. Ils sont intervenus dans la grande maison, isolée, de Béatrice Haran-Molle, dans la bourgade de Louhossoa (environ 600 habitants), sur la route de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port.

Au cours d'une perquistion, "une importante saisie d'armes, d'explosifs et de munitions" a été réalisée, indique le ministère français de l'Intérieur.  Pour les gouvernements français et espagnols, "l'interpellation de cinq individus en relation avec l'organisation terroriste ETA" est "un nouveau coup dur porté à ETA", comme l'a déclaré le ministre français de l'Intérieur, Bruno Le Roux, dans un communiqué, tout en se félicitant "d'une excellente coopération entre les services et avec les autorités espagnoles".

"Environ 15% de l'arsenal d'ETA". L'interprétation fournie dans les milieux nationalistes basques est toute autre : le site en ligne Mediabask, proche du quotidien basque espagnol Gara qui exprime parfois les positions d'ETA, publie une lettre que lui ont adressé Michel Tubiana, Txetx et Michel Berhocoirigoin, affirmant qu'ils avaient décidé "d'enclencher le processus de désarmement de l'organisation armée et procéder à la destruction d'un premier stock d'armes". Ce stock "correspond à environ 15% de l'arsenal d'ETA".

Tous trois justifient leur action par leur volonté de "contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque". Plusieurs mouvements nationalistes considèrent que "les polices française et espagnole ont empêché la destruction des armes" et appellent à une riposte dans une manifestation prévue demain samedi à 16 heures à Bayonne.