Omar, vigile au Stade de France : "Je revis sans cesse la nuit des attentats"

Les spectateurs du match France-Allemagne à la sortie du Stade de France, le 13 novembre 2015.
Les spectateurs du match France-Allemagne à la sortie du Stade de France, le 13 novembre 2015. © AFP
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J.D , modifié à
Presque trois mois après les attentats de Paris, l'homme touché par l'explosion du kamikaze Bilal Hadfi au Stade de France se confie au Parisien.

Il n'a subi que de légères blessures après l'explosion du kamikaze Bilal Hadfi, le 13 novembre au Stade de France. Mais presque trois mois après, Omar, vigile, souffre toujours de graves séquelles psychologiques. Interrogé par le Parisien dans son édition de dimanche, il livre un témoignage poignant.

"J'ai d'abord pensé que c'était un policier en civil". Le soir des attentats, Omar travaille pour la première fois au Stade de France. "Je suis arrivé vers 17 heures. J'étais posté porte G, chargé du contrôle des billets", raconte l'employé de sécurité. Il indique avoir alors vu "un jeune maghrébin qui portait une doudoune sombre et une petite queue-de-cheval", peu avant la fermeture des portes. "Il faisait des allées et venues sans but précis. Parfois, il regardait à l'intérieur du stade, comme s'il cherchait quelqu'un. J'ai d'abord pensé que c'était un policier en civil", précise Omar.

A 21h15, le premier des kamikazes du stade de France se fait exploser. Le vigile, qui se trouve alors à une centaine de mètres, pense à une fuite de gaz tout en notant que "les gens autour avaient l'air paniqué". "En dix minutes, je pense avoir eu le temps de refouler une trentaine de personnes", explique-t-il. Des personnes qui lui doivent probablement la vie. Car un quart d'heure plus tard, le jeune à la doudoune réapparaît. Omar se souvient lui avoir demandé : "Qu'est ce que tu fais ?". Pas de réponse. "Il a compris qu'il ne rentrerait pas". Le kamikaze actionne alors son gilet explosif et le vigile perd connaissance à cause du souffle.

"Les bruits, les images me reviennent sans arrêt". Transporté à l'Hotel-Dieu, les docteurs ne relèvent que des égratignures. "J'ai pu rentrer chez moi, mais je ressassais. J'étais en colère, j'avais envie de tout casser", se souvient Omar. Car si les blessures sont invisibles, l'homme de 32 ans passe les premières nuits après le drame aux urgences, tétanisé par des crises de panique. Les médecins lui diagnostiquent alors une "inhibition psychomotrice". Dit autrement : Omar ne peut plus contrôler son corps, paralysé par le choc. Plusieurs mois après, il a fait peu de progrès. "Je ne dors presque pas. Je revis sans cesse cette nuit là", confie-t-il. "Les bruits, les images me reviennent sans arrêt. Je ne suis plus maître de mon corps", ajoute-t-il, précisant "entendre parfois des voix".

Les médecins n'ont en tout cas pas avancé de date pour sa sortie : "Ce sera long", ont-ils expliqué. Selon son avocate, Omar ne demande "ni honneurs, ni médaille, mais la reconnaissance et le respect de son statut de victime".