Mort d'Alexia à Oléron : comment le camarade de classe a dupé son monde

Le suspect aurait participé à la marche blanche organisé en souvenir d'Alexia Sylva Costa, retrouvée morte un mois après sa disparition.
Le suspect aurait participé à la marche blanche organisé en souvenir d'Alexia Sylva Costa, retrouvée morte un mois après sa disparition. © AFP
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C.P.-R. , modifié à
Le jeune lycéen de 16 ans, qui fréquentait le même établissement scolaire que la jeune fille, a déclaré l'avoir tuée car elle avait "repoussé ses avances".

"Repose en paix, tu vas nous manquer horriblement". Ce message posté sur Facebook en mémoire d'Alexia Sylva Costa est signé du meurtrier présumé de la victime. Interpellé mardi soir à Saint-Trojan-Les-Bains sur l'île d'Oléron, le lycéen de 16 ans a reconnu durant sa garde à vue avoir "étranglé" puis "poignardé" la jeune fille de 15 ans, disparue en février et retrouvée un mois plus tard. Pris d'un "accès de violence", il a déclarée l'avoir tuée parce qu'elle ne s'était pas montrée réceptive à ses avances. Mais entre le jour où a été déclaré la disparition d'Alexia, le 1er février, et la date de son arrestation, mardi dernier, trois mois se sont écoulés. Trois mois durant lesquels ce jeune lycéen a dupé son entourage, mimant sa peine et participant même aux recherches lancées pour retrouver Alexia.

Ensemble en cours. Alexia Sylva Costa et le jeune suspect se connaissaient bien, ils étaient même camarades de classe, a précisé, Pascal Massicot, le maire de la commune Oléronaise à L'Express : "il était en seconde dans la classe d'Alexia". Arrivé dans l'établissement en septembre dernier, le jeune suspect n'était pas originaire de l'île de l'Oléron, contrairement à Alexia. Domicilié en Vendée, il louait, selon Sud-Ouest, un logement sur place en colocation, pour suivre sa scolarité au Centre expérimental pédagogique maritime en Oléron (Cepmo), un établissement à la pédagogie différenciée, qui repose sur le volontariat des élèves.

Elle avait "repoussé ses avances". Aux enquêteurs, le jeune garçon a très vite raconté qu'il avait discuté avec Alexia, à l'écart des autres élèves, à la sortie des cours, le 1er février, jour de la disparition de la jeune lycéenne. Dans ce bois proche de l'établissement scolaire, alors que sa camarade de classe aurait selon lui "repoussé ses avances", le lycéen est "pris d'un accès de violence", explique-t-il. "Il avait des vues sur Alexia, depuis le début de l'année. Il y a eu des conflits entre eux" a déclaré à la presse la mère de la victime, après ces aveux. Le lycéen de 16 ans reconnaît avoir alors asséné  "plusieurs coups de poings" à celle qu'il convoitait, puis "l'avoir étranglée", a indiqué la procureure de la République de Bordeaux dans un communiqué diffusé jeudi soir. Avant de la poignarder plusieurs fois à la gorge et au ventre à l'aide d'un opinel.

Il l'enterre à "mains nues". L'adolescent a ensuite pris soin de dissimuler le corps d'Alexia dans ce parc forestier, en creusant "le sol à mains nues", puis en recouvrant le tout de branchages. C'est notamment ce qui explique que la découverte du corps ait pris un mois, malgré les nombreux ratissages menés par les gendarmes sur l'île. En revanche, le lycéen n'a pas pris la précaution de se débarrasser du téléphone portable ni des écouteurs de la jeune fille, retrouvés en sa possession. Le 1er février vers 17h30, Alexia avait envoyé un dernier sms à un ami vivant à Lyon. Juste après, son portable avait cessé d'émettre. Son sac et sa bicyclette, eux, avaient été laissés au lycée. 

"Il a continué sa vie comme si de rien n'était". Pendant trois mois, le lycéen n'a éveillé aucun soupçon. Feignant l'affliction, continuant de se rendre au lycée normalement, parmi les camarades meurtris de la jeune femme. Interrogée par Europe 1 via Facebook, l'une d'elle confie qu'elle "ne se doutait pas une seconde" que cela pouvait être lui. Quelques jours après la disparition inquiétante d'Alexia, le jeune homme a publié un avis de recherche pour tenter de retrouver la jeune fille. Le meurtrier présumé aurait même participé à la marche blanche organisée en la mémoire d'Alexia, indique L'Express. "Il a continué sa vie pendant un mois, tranquille, à faire la fête, à sourire, à me croiser comme si de rien n'était", s'est indignée devant les médias la mère d'Alexia, après les aveux du jeune homme.

Addict au cannabis. Mais la comédie du jeune lycéen n'a cependant pas dupé tout le monde. D'après L'Express, les gendarmes avaient depuis le début la conviction que le meurtrier se cachait au cœur du lycée et l'étau autour du jeune homme s'était nettement resserré depuis une semaine. S'il n'est pas connu de la justice et n'a aucun antécédent psychiatrique, il présente "une forte addiction au cannabis" a précisé la procureure de la République. Il a été mis en examen pour meurtre, jeudi soir, et placé dans un établissement pour mineurs.

L'art de la dissimulation

Ce n'est pas la première fois qu'un suspect se glisse parmi les proches de la victime et fait montre de sa tristesse, voire même parfois prend part aux recherches. En mars dernier, Marc Demeulemeester, le beau-père d'Antoine, disparu depuis un an dans le Nord, craquait et avouait ainsi avoir étranglé l'ado de 15 ans à l'aide d'un fil de fer, avant de jeter son corps dans le canal. L'homme parlait pourtant allègrement aux médias et s'était activement mobilisé autour des recherches lancées par la gendarmerie. Idem pour la mère de Typhaine, qui avait menti des mois aux enquêteurs et à la presse, alors qu'elle l'avait enterré dans la forêt, avec son compagnon, la petite fille de cinq, après l'avoir battue à mort.