Mort d'un élève puni : l'enseignante jugée

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et Nathalie Chevance, correspondante d'Europe 1 à Marseille , modifié à
Khoren, temporairement exclu de sa classe, s'était accidentellement pendu à un porte-manteau en 2011.

Une institutrice comparaissait mardi à Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône, pour la mort accidentelle d'un de ses élèves qu'elle avait puni. Le 26 mai 2011, Khoren, 11 ans, avait été laissé quarante-cinq minutes sans surveillance dans le couloir après que l'institutrice l'a jugé "inutile". Un laps de temps durant lequel l'élève de CM2 était parvenu à se pendre à un porte-manteau avec son t-shirt et s'étrangler. La professeur, Agnès Maulard-Lelong, encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. La décision a été mise en délibéré au 29 octobre.

Retrouvé en arrêt cardio-respiratoire. Retrouvé inconscient en arrêt cardio-respiratoire, l'élève n'avait pu être réanimé malgré un massage cardiaque pratiqué par les enseignants de l'école. Il était décédé quatre jours plus tard à l'hôpital de la Timone à Marseille où il avait été transféré. L'institutrice est poursuivie pour "manquement à une obligation particulière de prudence" et "homicide involontaire", des délits passibles de cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

"La frustration était grande". Nicolas et Laure, les parents de Khoren, s'étaient confiés à Europe 1, quelques heures avant l'ouverture du procès. "Elle lui a dit qu'il n'avait pas sa place dans la classe et qu'il fallait qu'il aille dans le couloir, comme les manteaux. Il lui a été laissé trois-quarts d'heure de temps pour mûrir cette phrase", rappelle le père du garçon. "A plusieurs reprises il a voulu revenir en classe, mais ça lui a été refusé. La frustration était grande. Il a fait, comme beaucoup d'enfants auraient fait à sa place, voulu prendre l'institutrice au pied de la lettre et faire rigoler ses copains. Et il s'est fait piéger par son jeu", ajoute Nicolas.

Les parents de Khoren : "Plusieurs choses difficiles à supporter" :

"Tout simplement inimaginable". Surtout, les parents en veulent à l'institutrice de ne pas avoir gardé un oeil sur Khoren pendant sa punition. "On sait que l'échelle de temps est complètement différente dans la tête d'un enfant, et que c'est tout simplement inimaginable de laisser un enfant seul trois-quarts d'heure dans un couloir. Quoi qu'il en soit, l'exclusion sans surveillance est quelque chose d'inadmissible", critique encore le père de l'enfant.

"On est choqués". Egalement interrogés sur le fait que l'institutrice incriminée enseigne toujours dans le même établissement, les parents de Khoren se disent "choqués". On pensait que le temps de savoir s'il y avait faute, on aurait peut-être au moins déplacé cette personne. Il y a plusieurs choses assez difficiles à supporter", témoigne Laure, la mère. "Si c'est arrivé à Khoren, ça peut arriver à n'importe lequel des enfants scolarisés à cet âge-là. Je rappelle qu'on est obligé d'envoyer nos enfants à l'école, donc j'estime qu'on a aussi l'obligation de nous les rendre à la sortie", conclut-elle, la voix tremblante.