Mort d'Alexandre : les doutes persistent

Gardé à vue depuis mercredi dernier, Mickaël Baehrel, marginal de 27 ans et principal suspect, a été mis en examen dimanche.
Gardé à vue depuis mercredi dernier, Mickaël Baehrel, marginal de 27 ans et principal suspect, a été mis en examen dimanche. © MAXPPP
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Les aveux du principal suspect ne permettent pas d'éclaircir les circonstances exactes de cette mort.

Quatre mises en examen pour assassinat avec de multiples circonstances aggravantes, un suspect principal et des aveux partiels. Voilà ce qu'ont obtenu les enquêteurs de la police judiciaire depuis mercredi dernier et le placement de cinq personnes en garde à vue dans l'affaire de la mort du jeune Alexandre Junca. Dimanche, le procureur de Pau, Jean-Christophe Muller, a confirmé que l'un des mis en examen, le principal suspect, Mickaël Baehrel, 27 ans, a "reconnu avoir frappé" la victime avec un marteau. Pourtant, des zones d'ombres demeurent, notamment sur les circonstances exactes de la mort du jeune garçon. L'enquête "est loin d'être terminée", a assuré dimanche le magistrat.

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# Ce que l'on sait

• La disparition. Alexandre Junca, jeune collégien de 13 ans, a disparu le 4 juin 2011 à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Sa dernière trace est attestée par une caméra de surveillance à 22h51, alors qu'il se rendait chez son père dans le centre-ville. Treize jours plus tard, le 26 juin, un fémur a été retrouvé dans le gave de Pau. Le reste du corps démembré a finalement été découvert à la mi-octobre 2011, sous des gravats jetés dans la rivière.

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• Les aveux partiels du suspect numéro 1. Parmi les mis en examen, figure Mickaël Baehrel,  un marginal de 27 ans originaire de Normandie. C'est lui qui apparaît aujourd'hui comme le principal suspect dans cette affaire. A l'époque des faits, l'homme vivait non loin du lieu de la disparition. Selon le procureur, il reconnaît qu'il a croisé le chemin d'Alexandre ce soir-là et a avoué l'avoir "d'emblée frappé (…) à la tête, de façon violente", "parce qu'il avait la rage, était énervé, alcoolisé". Son arme ? Un marteau avec lequel il avait déjà agressé un SDF le mois suivant la disparition du jeune garçon. Une agression pour laquelle il a été condamné et est incarcéré depuis avril 2012.

# Les questions

• Que s'est-il passé entre les 4 et 26 juin ? Alexandre est-il mort sur le coup ou a-t-il été retenu et violenté pendant des jours ? Cette question reste encore en suspens. Selon le procureur, si des "éléments parfaitement compatibles avec des coups portés à l'aide du marteau" ont été constatés sur le crane d'Alexandre, il est impossible de déterminer s'ils ont causé la mort immédiate du jeune garçon. Il semble cependant désormais établi que son corps démembré a été immergé dans le gave autour du 17 juin. Les chefs de mise en examen identiques et gravissimes pour les quatre suspects décrivent cependant le pire des scenarios :celui d'une bande s'acharnant pendant des jours sur un blessé grave avant de le tuer.

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• Quel mobile ? Là-aussi, les enquêteurs l'ignorent encore. "Pourquoi ce jeune garçon de 13 ans et demi a été frappé à coups de marteau par une personne qu'il n'avait jamais croisée auparavant, dans cette rue du centre ville de Pau, et quelles sont les raisons de ce passage à l'acte d'une violence majeure?", a demandé le magistrat dimanche.

• Quel est le rôle des complices ? Claude, 74 ans, Mike, 25 ans, et Fatima, 47 ans, ont-ils "simplement" aidé Mickaël Baehrel à se débarrasser du corps ou bien ont-ils participé à une atroce séquestration d'Alexandre en forme d'agonie ? Un autre point que l'enquête doit éclaircir en adaptant, le cas échéants, les chefs d'accusation retenus.

Le procureur a insisté sur la personnalité de Claude, présenté comme un chasseur au profil tout à fait différent de celui de Baehrel, qui entretenait selon le magistrat "des relations de nature homosexuelle" avec ce dernier. Selon une source proche du dossier, il aurait notamment pu prendre part au démembrement d'Alexandre. De leur côté, Fatima, compagne de Mickaël Baerhel au moment des faits, et Mike, un ami de ce dernier, "reviennent de façon insistante" dans l'enquête. Cependant, leur rôle entre l'agression et l'immersion du corps découpé fait encore "l'objet d'importantes contradictions", selon le magistrat. Pour l'heure, tous sont mis en examen pour assassinat avec actes de torture et de barbarie et séquestration de plus d'une semaine, en bande organisée, d'un mineur de moins de quinze ans. Ils risquent ainsi la prison à perpétuité.