Migrants dans un ferry : une amende requise pour deux militants

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avec AFP , modifié à
Un mois de prison ferme a été requis à l'encontre de six migrants qui s'étaient introduits illégalement dans un ferry, à Calais, le 23 janvier.

Un mois de prison ferme a été requis lundi à Boulogne-sur-Mer à l'encontre de six migrants montés à bord d'un ferry fin janvier à Calais et 1.000 euros d'amende pour deux Français, sympathisants des migrants, eux aussi embarqués clandestinement.

Une audience tendue. "Tout a été prévu pour que le port soit envahi (...). Votre tribunal doit les condamner à un mois d'emprisonnement ferme qui couvrira la détention provisoire. Je requiers pour les deux Français 1.000 euros d'amende", a dit le procureur de Boulogne Jean-Pierre Valensi lors de son réquisitoire, prononcé dans un climat extrêmement tendu. Dans une salle bondée, où étaient présents de nombreux sympathisants des migrants ainsi qu'une dizaine de policiers armés de pistolets et munis de gilets pare-balles, le procureur a été souvent interrompu par les mouvements d'humeur du public lors de ses réquisitions. "Je demande l'usage de la force publique pour évacuer cette salle", a-t-il ainsi réclamé, avant un retour au calme.

Un complot ? Selon le ministère public, se basant notamment sur le PV d'un mineur interpellé, il y a bien eu un "complot" ourdi dans la "jungle" pour envahir le port et monter dans le ferry afin de rallier l'Angleterre. Les six migrants, quatre Afghans, un Syrien et un Soudanais, âgés d'une trentaine d'années, ont expliqué à la barre avoir suivi le mouvement, étant certains que le bateau ne partirait pas. Les deux Français, qui ont refusé d'être qualifiés de "No Borders", association altermondialiste, se sont eux présentés comme des sympathisants de la cause des migrants, l'un vivant dans la "jungle" "pour se sentir utile", l'autre s'occupant d'améliorer le quotidien des clandestins au camp de Grande-Synthe, près de Dunkerque.

Un acte non prémédité ? Les avocats de la défense ont eux refusé toute préméditation dans l'envahissement du ferry de la compagnie P and O assurant la liaison entre Calais et Douvres, les deux premiers ports européens pour le trafic passagers. "Vous pouvez les relaxer, car ils sont innocents, ils n'étaient pas dissimulés. Ils ont suivi le mouvement", a estimé Me Emilie Leschaeve, rejetant les demandes des parties civiles - P and O, la SEPD (société d'exploitation des ports du détroit) - qui réclamaient des compensations en raison de "préjudices".

Le 23 janvier, lors d'une manifestation regroupant des migrants, des militants et des sympathisants venus de plusieurs pays européens, entre 200 et 300 personnes s'étaient introduits dans le port. Une cinquantaine de personnes avaient pu monter à bord, sur les quelque 150 qui avaient pénétré dans l'enceinte du port, ce qui constituait une première. Les plaidoiries des avocats se poursuivaient en fin d'après-midi.