Meurtre de Bastien : un travailleur social défend son honneur

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CB avec AFP
La voix hachée par l'émotion, le travailleur social qui suivait Bastien, 3 ans, mort dans un lave-linge où son père l'avait enfermé, a défendu jeudi son honneur et son "boulot".

La voix hachée par l'émotion, le travailleur social qui suivait Bastien, a défendu jeudi son honneur et son "boulot". L'homme a dû faire face aux interrogations des médias sur la responsabilité des services sociaux dans ce drame. Le 25 novembre 2011, Bastien, 3 ans, est mort noyé dans un lave-linge où son père l'avait enfermé, à Germigny-l'Évêque, en Seine-et-Marne. La mère du petit garçon, Charlène Cotte, comparaît pour complicité de meurtre, aux côtés du père de Bastien, Christophe Champenois, jugé pour meurtre. Le verdict est attendu vendredi en fin d'après-midi.

Un message vocal écouté trop tard. Le jeudi 24 novembre 2011, veille du soir fatidique, Christophe Champenois laisse un message sur le répondeur de l'assistant éducatif qui suit la famille. "Il y a un gros, gros problème avec Bastien. Il arrête pas de faire des bêtises. Non-respect des camarades. Si vous faites rien du tout, je le balance du deuxième étage, même s'il faut que je fasse 15 ans de prison", menace le père.

En entendant l'enregistrement, diffusé lors de l'audience, ce travailleur social qui a demandé à garder l'anonymat se prend la tête dans les mains et pleure. Ce message, il n'en a pris connaissance que le lundi suivant, à son retour au travail après une semaine d'arrêt-maladie. Bastien était déjà mort des suites de son confinement dans le tambour de la machine à laver, lancée en mode essorage. Ses interventions dans la famille "se sont terminées à ce moment-là", dit-il.

Une famille connue des services sociaux. Depuis février 2011, il rendait régulièrement visite à la famille Champenois, qui occupe à l'époque un petit deux-pièces à Germigny-l'Evêque, en Seine-et-Marne.  Il parle de Bastien comme d'un petit garçon "dynamique, souriant malgré tout, joyeux. Il aimait jouer. Il était plein de vie". Logement insalubre, difficultés financières et "carences éducatives" : la famille est connue des services sociaux du département depuis la naissance en 2006 de la sœur aînée de Bastien.

Lors de ces visites, toujours annoncées, et parfois déclenchées par un appel anonyme au 119, le père et la mère, Charlène Cotte, se montrent rassurants. Les enfants sont aussi vus par le médecin de la Protection maternelle et infantile (PMI), qui ne décèle "aucun signe de maltraitance".

Des démarches pour aider la famille qui n'ont pas abouti. "C'est vrai qu'on s'interrogeait sur la place de Bastien dans cette famille. Il était vu comme l'enfant turbulent, qu'on devait cadrer", relate le travailleur social, qui doit s'interrompre à plusieurs reprises tant il est ému. Il propose "un accueil provisoire" pour Bastien et, face au refus de la mère, se démène pour lui trouver une assistance maternelle, histoire de "séparer un peu Bastien de sa famille".

En petite section de maternelle, Bastien tape et mord ses camarades. Un suivi psychologique de l'enfant est proposé et un rendez-vous fixé au 17 novembre, que les parents n'honorent pas. Parallèlement, l'assistant social aide le père de famille au chômage dans ses démarches pour trouver un logement social.

"Je sais que j'ai fait mon boulot". L'assistant-éducatif évoque ensuite les "mises en cause" des services sociaux "dans la presse", à l'occasion de ce procès. "Je sais que j'ai fait mon boulot et je continuerai de le faire", dit-il. Pensez-vous que la famille était "adhérente" à vos conseils ? l'interroge la présidente, Catherine Katz. "Je le pensais, mais ce qui s'est passé me fait dire que c'était fictif", tranche-t-il.