Marseille : une "maladie" dans la police

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avec Nicolas Poincaré , modifié à
- Ancien de la Bac de Vitrolles, il comprend que certains aient "cédé à la tentation".

C'est un revenant qui s'est confié à Europe 1. Marc La Mola, passé par la Brigade anticriminalité (Bac) de Vitrolles puis à la Sûreté urbaine dans les quartiers Nord de Marseille, a voulu mettre fin à ses jours en février 2011, suite à une dépression nerveuse. La raison est la même, d'après lui, que celle qui a poussé plusieurs de ses collègues, ceux qui sont actuellement entendus dans une affaire de racket présumé, à franchir la ligne jaune : "la culture du résultat".

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"Grosses primes aux résultats"

Cette "maladie", selon ses mots, "a été inoculée dans les rangs de la police ces dix dernières années. Cela a anéanti, tué l'institution", assure-t-il encore à Europe 1. Cela "passe par de grosses primes aux résultats qui sont accordées aux chefs de services. Ces derniers, ensuite, poussent les fonctionnaires de base à faire du résultat. Je rappelle que derrière "le résultat", il y a des êtres humains", souligne ce policier qui a auto-édité un livre, Le sale boulot, en mai dernier.

Que pense-t-il des faits reprochés à ses collègues ? "Je suis surpris par la gravité des actes et par la quantité de collègues impliqués. Maintenant, je vous mentirais si je vous disais que je n'avais jamais eu vent de rumeurs sur certains fonctionnaires, qui récupéraient un peu de marchandise pour essayer d'avoir quelques indics et faire de la police à l'ancienne".

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Des policiers "qui ont perdu leurs repères"

Marc La Mola pense avoir deux explications sur ces dérives. "Je sais que je vais choquer, mais Marseille est un Etat dans l'Etat. Quand on a au sommet des élus qui fonctionnent avec du clientélisme, du favoritisme et de la magouille, il ne faut pas s'étonner que la base, à un moment, se pose la question de faire la même chose", fustige-t-il sur Europe 1. "Tout ce qui se passe à Marseille est différent de ce qui se passe ailleurs", affirme encore celui qui est "Marseillais", qui "aime sa ville", bien qu'il "ne la reconnaisse plus".

La seconde concerne le quotidien des policiers de la Bac. "Ils évoluent au quotidien avec des gens qui gagnent des sommes astronomiques de manière illégale", souligne Marc La Mola. "Sans cautionner" le geste de ses collègues, le policier-écrivain dit comprendre que des policiers "qui ont perdu leurs repères et à qui on demande de faire tout et surtout n'importe quoi, il ne fait pas s'étonner qu'ils cèdent à la tentation".