Marseille : un procès sur fond de menaces de mort

Des policiers du Raid au tribunal correctionnel de Marseille
Des policiers du Raid au tribunal correctionnel de Marseille © FRANCK PENNANT / AFP
  • Copié
Nathalie Chevance avec CB
Des menaces de mort reçues par un avocat marseillais et son client ont engendré la mise en place d’un important dispositif de sécurité à l’ouverture du procès lundi.

C’est un procès sous très haute sécurité qui a repris lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille. Onze personnes sont jugées pour leur implication présumée, à des degrés divers, dans un trafic de cocaïne et de résine de cannabis. Parmi eux, on retrouve Gérard Clar, un membre du "Milieu marseillais" qui a reçu des menaces de mort.

Des snipers sur le toit. Face à ces menaces, un dispositif exceptionnel a été déployé depuis lundi matin et jusqu’au 8 juillet, date de fin du procès. Deux hommes du Raid, visage totalement dissimulé, vêtus de noir et armes au bras sont donc postés devant l’entrée du tribunal. Des snipers sont également mobilisés sur le toit. Et à l’entrée de la salle d’audience, le dispositif policier est tout aussi important, avec des forces de l’ordre équipées de fusils d’assaut.

"On te tue toi et ta famille". De quoi rassurer un des principaux prévenus, un vieux truand marseillais, déjà condamné à des peines criminelles et menacé de mort. "Si tu défends encore Gérard Clar ou si tu le fais sortir en provisoire, on te tue toi et ta famille. A lui, tu peux dire qu'on le tuera même dans le cellulaire (le fourgon dans lequel sont transportés les prévenus, ndlr). Quant à ses amis et à leurs avocats, on aura tout le procès pour les faire. Qu'il ne s'inquiète pas", peut-on lire sur un SMS envoyé à l’avocat du trafiquant de drogue présumé, lui aussi menacé de mort. Une enquête a d’ailleurs été ouverte pour menaces de mort.

"On continuera à défendre les gens". "On m’a envoyé un SMS en m’indiquant que si je continuais à défendre mon client, ou si je le faisais remettre en liberté, ma famille et moi serions tués. On se dit : je suis fier, je vais continuer, je m’en fous. Mais en même temps, j’ai deux filles, je pense à elle. Aujourd’hui, elles sont parties pour que l’on soit tranquilles le temps du procès. C’est compliqué de venir avec une protection rapprochée, c’est la première fois que j’arrive à l’arrière d’une voiture de police", réagit-il au micro d’Europe 1.

Malgré ces menaces et ce dispositif contraignant, l'avocat assure qu’il n’est pas intimidé et qu’il compte poursuivre son activité. "Je n’ai pas peur. A ceux qui m’entendent : ‘je n’ai pas peur’. Aucun avocat au barreau de Marseille ne cédera à la menace. On continuera à défendre les gens. On ne cèdera aux intimidations de ces gens qui ne veulent pas que nous exercions notre métier", prévient le conseil.

Des menaces disproportionnées au vu de l’affaire. Les avocats auraient toutefois préféré un renvoi de l’audience en attendant que les auteurs de ces menaces de mort soient identifiés. Des méthodes qui paraissent disproportionnées pour un simple trafic portant sur deux kilos de cocaïne. Il est reproché aux prévenus, la plupart âgés d'une soixantaine d'années, d'avoir organisé l'importation de cocaïne depuis l'Espagne pour alimenter les réseaux de la cité des Flamants à Marseille et un réseau à Cannes.  Plus de deux kilos de drogue ont été saisis et  une villa à Mimet, près d'Aix-en-Provence, servait de laboratoire de conditionnement.