Marseille : un homme jugé pour le meurtre d'un adolescent

La mort d'Antoine avait donné lieu à des marches blanches et des frictions lors de la reconstitution du meurtre.
La mort d'Antoine avait donné lieu à des marches blanches et des frictions lors de la reconstitution du meurtre. © MaxPPP
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Nathalie Chevance avec et AFP
MARSEILLE - En 2011, un adolescent avait été mortellement blessé par les tirs d'un quinquagénaire, voisin du local que le jeune homme avait tenté de cambrioler.

Jean Gabro a-t-il voulu tuer un jeune cambrioleur ou était ce seulement un tir de semonce ? L’homme, âgé de 59 ans, comparaît mercredi pour meurtre et détention d'arme devant les assises des Bouches-du-Rhône. Ce maçon au chômage est soupçonné d'avoir tué Antoine, dit "Tolcio", 15 ans, depuis son appartement, dans un quartier du nord de Marseille. L'autre adolescent, âgé de 17 ans, avait pris la fuite avant de se livrer à la police.

Dans la soirée du 2 mai 2011, Antoine, un ado sans antécédent judiciaire décrit comme un gentil garçon et un ami tentent de cambrioler le local d'une petite entreprise dans le quartier de la Bricarde. Un voisin, Jean Gabro, voisin du local, assiste à la scène. Il saisit une carabine 22 Long Rifle et ouvre le feu depuis sa cuisine pour les les faire fuir. Il assure avoir visé le sol. Mais Antoine, touché, git au sol.

"Un assassinat". L'adolescent mourra des suites de ses blessures, malgré les soins prodigués par les secours, appelés par une passante. Selon l'expertise médicolégale, l'une des balles a perforé un poumon, endommageant irrémédiablement le cœur et le foie de l'adolescent. "Pour moi, c'est un assassinat", a affirmé au micro d'Europe 1 la mère d'Antoine. "Il a tiré à trois reprises et a tué mon fils. J'aurais voulu qu'il appelle la police et non pas qu'il fasse sa loi", a-t-elle poursuivi. 

Cette nuit-là, un témoin avait aperçu Jean Gabro, vociférant, en pleine rue : "ça commence à bien faire", ajoutant à l'adresse du médecin du quartier : "heureusement que je suis intervenu, ils allaient s'occuper de votre voiture".

L'accusé victime "de cambriolages et d'agressions". Depuis la prison, où il est à l'isolement, Jean Gabro répète qu'il n'a pas visé les deux adolescents, et qu'il voulait seulement les dissuader de cambrioler le local. Ce que souligne l'un des ses avocats, Me Mattei : "Avec ses voisins, il a été victime de cambriolages et d'agressions à de nombreuses reprises. Par conséquent, excédé, il a tiré par la fenêtre pour mettre en fuite les cambrioleurs, et malheureusement, le jeune garçon a pris une balle".

Le quinquagénaire, décrit comme un homme solitaire, devra également s'expliquer devant la cour sur la présence de nombreuses armes stockées chez lui. Des carabines, fusils à pompe, cartouchières et chargeurs, détenus en toute illégalité. L'un de ses voisins a assuré que Jean Gabro avait beaucoup changé après avoir subi une agression. Un vol avec violences dont les auteurs n'avaient pas été retrouvés malgré le dépôt d'une plainte.

Un procès sous tension. Les obsèques du jeune Antoine, quelques jours après le drame, avaient été émaillées d'incidents dans le quartier du Verduron, notamment a proximité du domicile de Jean Gabro. Mêmes frictions lors de la reconstitution du meurtre. Des tensions qui pourraient à nouveau se réveiller lors du procès, qui devrait se terminer vendredi. La famille d'Antoine compte en effet se déplacer au tribunal, accompagnée de dizaines d'habitants du quartier.