Accident mortel à Paris : le policier a été mis en examen et incarcéré

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Scène de l'accident, boulevard de Sébastopol à Paris © MATTHIEU ALEXANDRE / AFP
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Pierre Decossette, N.M. et C. P.-R. , modifié à
Le policier, qui a provoqué la mort d'un automobiliste dans la nuit de mercredi à jeudi, a été mis en examen pour "homicide involontaire aggravé" et placé en détention.

Le brigadier-chef qui a causé la mort d'un livreur de pain dans la nuit de mercredi à jeudi, en plein Paris, passera la nuit en prison. Après avoir été déferré devant un juge d'instruction dans la journée de samedi, l'homme de 39 ans a été mis en examen pour "homicide involontaire aggravé" et placé en détention - conformément à ce que le parquet avait requis. Cet agent de la PJ de Seine-Saint-Denis, fortement alcoolisé et accompagné d'un collègue du même service, roulait à vive allure à bord d'une voiture banalisée, lorsqu'il a percuté la voiture d'un livreur de pain, comme nous l'avions révélé jeudi.

Circonstances aggravantes. Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire avec deux circonstances aggravantes. La consommation d'alcool d'abord, puisque le policier avait 2,13 grammes d'alcool par litre de sang. De plus, le brigadier-chef aurait violé manifestement une obligation de sécurité et de prudence, en grillant au moins deux feux rouges. C'est tout du moins ce que révéleraient des enregistrements de vidéo-surveillance. Pour ces faits, le fonctionnaire de police risque jusqu'à 10 ans de prison. 

Pourquoi un placement en détention ? Samedi, le juge a décidé de le mettre derrière les barreaux, alors que l'enquête judiciaire commence à peine. Cette mise en détention était aussi requise par le parquet, qui avançait trois motifs justifiant une mise en détention provisoire, au regard de l'article 144 du code pénal : les risques éventuels de pression sur les témoins, la possibilité d'une entente entre les deux policiers et la protection du policier lui-même.

L'autre policier entendu comme témoin. Le policier passager, qui avait pour sa part 1,6 g. d'alcool dans le sang, a, lui, été entendu comme témoin. Au moment des faits, il était de permanence, donc susceptible d'être appelé en cas d'urgence, d'où la présence des deux hommes dans une voiture de service mais banalisée, sans gyrophare ni sirène. 

Ce n'était "pas un biturin". Du côté des collègues policiers, on n'en revient pas. Le policier au volant n'était "pas un biturin", glisse un agent qui l'a côtoyé. Ce sportif, marié et père d'un enfant de cinq ans est écrit comme un "camarade idéal". Un homme que l'on n'imaginait pas capable de conduire, au retour d'une soirée, avec plus de 2 grammes d'alcool par litre de sang. 

Les deux hommes, qui n'étaient pas en service au moment des faits, rentraient de la fête annuelle d'un autre service de la police judiciaire lorsque leur voiture banalisée est entrée en collision avec celle du livreur, âgé de 40 ans. La veuve de ce père de trois enfants a fait part de son intention de porter plainte : "Si c'était un accident normal... Mais ça vient de policiers, qui doivent protéger les citoyens, respecter la loi et le code de la route", a-t-elle dit vendredi, très éprouvée.

Exemplarité. Bernard Cazeneuve a par ailleurs prévenu que si l'enquête judiciaire confirmait les premières constatations, il ferait preuve "d'une très grande sévérité" à l'endroit des deux policiers, "indépendamment des poursuites pénales".