L'imprimeur de Dammartin attend toujours son indemnisation

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Sébastien Guyot et M.-A.B , modifié à
Michel Catalano, le patron de l'imprimerie dans laquelle s'étaient retranchés les frères Kouachi au terme de leur cavale en janvier dernier, n'a toujours pas pu rénover la structure, six mois après l'assaut du GIGN. 
TÉMOIGNAGE

L'indemnisation arrive enfin pour le patron de l'imprimerie de Dammartin-en-Goële. C'est dans son entreprise que la cavale des frères Kouachi a pris fin il y a presque six mois, en janvier dernier. C'est là qu'ils ont été abattus par les forces de l'ordre. Depuis, Michel Catalano se bat pour reprendre son activité et rénover ses locaux. Le Conseil général de Seine-et-Marne doit lui verser une aide financière de 50.000 euros vendredi. Europe 1 a pu rencontrer le patron de l'imprimerie. 

150.000 euros en guise d'acompte. Pour Michel Catalano, l'attente a été trop longue. Son imprimerie, qu'il veut reconstruire pour se reconstruire lui-même, comme il le dit, est aujourd'hui toujours inexploitable. La façade est recouverte de bâches, l'intérieur porte toujours des impacts de balles. Certes, Michel Catalano a tout nettoyé avec ses employés, mais jusqu'à présent, les assurances n'ont versé que des acomptes :  150.000 euros au total. Une somme insuffisante selon lui pour reprendre une activité à plein régime. L'homme, qui le 9 janvier dernier avait soigné l'un des frères Kouachi et passé plus d'une heure en tête à tête avec les terroristes, commence à perdre patience.

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"On nous avait dit, 'ne vous inquiétez pas, c'est une situation qui est exceptionnelle, tout va aller vite'. Mais voilà, on n'avance pas", regrette l'entrepreneur. "Je ne dors pas beaucoup parce que j'ai du mal à m'en remettre. Je vois les impacts de balles, je vois les débris… Et évidemment, tout cela me replonge (dans cette affaire). Tant que je n'aurais pas vu mon entreprise redémarrer et fonctionner, j'aurais du mal à évacuer un certain nombre de traumatisme que j'ai encore au fond de moi".

"La longueur tue l'espérance". Peu de temps après les faits, le patron a reçu un élan de solidarité des Français. 100.000 euros avaient été collectés à l'époque, soit la valeur d'une seule des trois machines détruites lors de l'assaut. Mais le plus pesant pour Véronique, sa femme, ce sont toutes ces démarches sans fin. "Je me sens épuisée, vidée, fatiguée. J'ai le moral au plus bas. La longueur tue l'espérance", confie-t-elle.

Si les délais sont si longs, c'est que l'imprimeur entend s'agrandir avec les indemnités, selon les assureurs que nous  avons contacté. Mais un accord serait sur le point d'être trouvé. En attendant, l'activité a repris, il y a un mois seulement, dans un bâtiment provisoire,  avec cinq de ses six anciens salariés. Lilian, le graphiste qui avait échappé aux frères Kouachi en se cachant sous un évier, a pour sa part préféré refaire sa vie ailleurs.