Les marins ripoux de la SNCM devant la justice

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Nathalie Chevance et
Huit ex-employés de la compagnie sont jugés pour un trafic d'armes et de drogues en lien avec le grand banditisme. Au cœur du système, Camille Abboche, ancien leader syndical de la CFTC.

C'est doublement une journée cruciale pour la SNCM : alors que le tribunal de commerce doit se prononcer mercredi sur l'avenir de la compagnie, plus d'une vingtaine de personnes dont huit ex-marins ont eux aussi rendez-vous avec la justice. Mais dans un tout autre registre : tous sont accusés d'être impliqués dans un réseau de trafic d'armes et de drogue en lien avec le grand banditisme corse. Certains bateaux servaient au transport de cette marchandise d'un genre particulier. Au cœur de cette organisation, selon l'accusation, Camille Abboche, un leader de syndical très connu à Marseille et même au-delà.

Leader syndical et passeur d'armes. Il s'agit de l'ex-représentant de la CFTC à la SNCM : un leader charismatique qui à l'époque a ses entrées  dans les ministères pour négocier l'avenir de la SNCM. L'homme abusait en fait de sa position sur le port et de sa parfaite connaissance des bateaux pour se livrer à une autre activité, beaucoup plus sombre : le transport sécurisé d'armes et de stupéfiants.

Camille Abboche, 46 ans, qui aimait les caméras, les micros, expert dans l'art de la duplicité, est aujourd'hui soupçonné d'avoir recruté plusieurs marins désireux d'arrondir leurs fins de mois.  Pour 1.000 euros, ces matelots prêtaient leur cabine pour transporter un petit sac chargé de cocaïne, de résine de cannabis ou de munitions.  

"Pour lui, ce n'était pas entré dans la grande criminalité". "Le syndicaliste est fasciné par le 'milieu' et par les armes, reconnait son avocat. Un homme qui, d'après lui, relève d'avantage du grand dadet, que du gros voyou. "Il avait effectivement des accointances sur le port. Il pouvait trouver à tout moment le marin idoine pour faire tel ou tel transport et connaitre toutes les rotations de navires", concède Me Eric Campana au micro d'Europe 1.

Quand on lui disait : 'tiens, il y a un sac à transporter, prends-le', il le donnait à un marin", explique-t-il. "Il reconnait avoir fait passer deux armes mais pour lui ce n'était pas entré dans la grande criminalité que d'agir de la sorte", poursuit l'avocat. Sauf que la drogue et les armes étaient destinées à l'équipe de malfaiteurs du Masters Café de Bastia. Bien loin du commerce de robinets et de viande revendiqué par le syndicaliste.