Les hôpitaux suffisamment sécurisés ?

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avec AFP , modifié à
Après l'agression d'un infirmier dimanche aux urgences à Marseille, le personnel en appelle aux policiers.

Faut-il placer des forces de police dans les hôpitaux ? Le débat est relancé après l'agression dimanche à Marseille d'un infirmier des urgences. Après avoir poignardé mortellement un jeune homme de 18 ans lors d'une rixe, trois agresseurs se sont rendus à l'hôpital pour faire soigner leurs blessures. Estimant que les secours tardaient à s'occuper d'eux, ils ont poignardé un infirmier à l'avant-bras. Deux d'entre eux ont été arrêtés et placés en garde à vue.

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La présence de policiers demandée. Alors que l'enquête suit son cours, le personnel de l'hôpital de la Conception a fait part de sa détresse au lendemain de cet acte qualifié d'"inacceptable". L'infirmier en arrêt maladie pour 10 jours a porté plainte, de même que sa direction, a précisé Bastien Ripert, directeur de cabinet à l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM). "Nous demandons un accompagnement des pouvoirs publics pour faire face à ce type de situation, avec la présence de forces de police sur place dans un dispositif qu'il convient d'inventer", souligne-t-il. Ce dernier estime que les policiers seraient très utiles dans les hôpitaux puisque  "le personnel hospitalier, lui, n'est pas formé aux violences armées".

"On a passé un cap". Même requête de la part du chef de service des urgences de la Conception. "Les agressions physiques restent une exception, mais des agressions verbales, on en a souvent, pour ne pas dire plusieurs fois dans la semaine", rapporte le professeur Marc Alazia. Face à ces "conditions d'exercice difficiles", il réclame lui aussi des "forces dissuasives, c'est-à-dire des policiers, qui dissuadent toute personne qui aurait des actes de malveillance". Une solution radicale à la hauteur de l'augmentation des agressions estime Marc Azalia sur Europe 1 : "on a passé un cap, les urgences c'est un lieu public, il faut sécuriser." Une "mesure indispensable" dans certains services, juge également Audrey Jolibois, secrétaire générale adjointe à l'AP-HM de Force ouvrière, dénonçant "une pression croissante sur les soignants".

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"On doit aller à l'hôpital sans crainte". S'il reconnaît lui aussi que le "climat de tension est insupportable" pour les membres du personnel, Dr Marc Giroud, le président de Samu-Urgences de France, s'oppose toutefois à toute présence policière au sein des centres hospitaliers. "La présence de policiers à l'hôpital n'est pas la bonne solution, ou alors en toute dernière extrémité. L'hôpital doit rester un lieu ouvert à tous. On doit y aller sans crainte. C'est ça l'éthique des soins: on doit pouvoir se faire soigner sans aucune ségrégation, même pour les délinquants", estime Marc Giroud au micro d'Europe 1.

Écoutez Marc Giroud :

 

"Il faut former les personnels". Selon lui, la solution à apporter se trouve davantage dans la formation et l'embauche de personnels destinés à accueillir les patients. Il y a d'autres solutions que la police. (…) Il faut former les personnels à réagir aux agressions. Et surtout créer des conditions d'accueil plus favorables. Aujourd'hui, nous faisons faire l'accueil par les personnels de soin, ce serait bien de recruter des gens qui seraient là pour accompagner, pour expliquer, pour rassurer, faire comprendre. Car si les gens s'énervent, c'est parce qu'ils ne comprennent pas ce qu'il se passe. Et les personnels de soin n'ont pas le temps de faire ça, ils ont une autre fonction. On pourrait donc imaginer un hôpital plus accueillant", recommande le président de Samu-Urgences de France.