Lens : des mutilations à la morgue ?

Le procès des deux médecins légistes de l'hôpital de Lens s'ouvre jeudi au tribunal correctionnel de Béthune.
Le procès des deux médecins légistes de l'hôpital de Lens s'ouvre jeudi au tribunal correctionnel de Béthune. © MAXPPP
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avec Lionel Gougelot , modifié à
Le procès de deux médecins légistes, accusés de n'avoir pas recousu des corps, s'ouvre jeudi.

Violence ayant entraîné des mutilations, atteinte à l'intégrité d'un cadavre et violation de sépulture : c'est pour ces chefs d'accusation que deux médecins légistes de la morgue de l'hôpital de Lens, mis en cause par des familles de victimes, comparaissent jeudi devant le tribunal correctionnel de Béthune.

Un "corps en pièces détachées"

Tout a commencé le 9 avril 2008. Ce jour-là, la femme d'Hervé Louvrié se suicide, mais il n'aura jamais les résultats de l'autopsie. Pire, un responsable des pompes funèbres lui assure que la dépouille de sa compagne n'a pas été recousue. En ouvrant le cercueil, il découvre qu'on lui a "rendu le corps en pièces détachées", résume-t-il pour Europe 1.

"On aurait dit que c'était une bête sauvage qui s'était acharnée sur un corps humain, rien n'avait été recousu, raconte Hervé Louvrié. On ne peut pas qualifier autrement que par le mot "barbarie" ce qui s'est passé dans cette salle de la morgue de l'hôpital de Lens."

Hervé Louvrié, pompier de Haillicourt, dans le Pas-de-Calais, décide alors de porter plainte, en avril 2008. L'enquête est finalement classée sans suite, mais en décembre de la même année, l'institut médico-légal de Lens est fermé, après une enquête administrative liée à cette action en justice.

"Voué à l'échec" pour la défense

Depuis, Hervé Louvrié a recueilli de nombreux témoignages, et découvert que des centaines de corps ont peut-être été mutilés à la morgue de l'hôpital de Lens. D'où ce nouveau procès, qui fait suite à un recours en citation directe des deux médecins légistes par l'avocat des plaignants, Me Philippe Missamou, pour atteinte à l'intégrité d'un cadavre (passible d'un an de prison), violation de sépulture (un an également) et violence ayant entraîné des mutilations (dix ans).

Le 12 janvier dernier, le tribunal de Béthune avait repoussé le procès au jeudi 7 juin pour un "problème de communication des pièces", selon Me Vincent Potié et Me Juliette Delcroix, les avocats de la défense. Pour eux, cette procédure est de toute façon "vouée à l'échec", faute "d'arguments juridiques".