Ashley Madison : deux suicides liés au piratage du site ?

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GV avec AFP , modifié à
La police enquête sur deux décès suspects. Par ailleurs, plusieurs utilisateurs se sont vus demander de l'argent, faute de quoi leurs infidélités seraient révélées. 

Ce qui devait arriva : les données piratées sur le site de rencontres extraconjugales Ashley Madison commencent à être utilisées par des internautes pour extorquer de l'argent aux utilisateurs infidèles, a déclaré lundi la police canadienne. Ce piratage suivi de tentatives de chantage pourrait même être à l'origine de suicides, estime même le porte-parole de la police de Toronto. La promesse "d'une relation extra-conjugale en toute discrétion", martelée par le site, a du plomb dans l'aile.

Un piratage à l'origine de suicides ? "Nous avons eu des informations, qui ne sont pas confirmées, à propos de deux suicides associés à la fuite des données d'utilisateurs d'Ashley Madison", a déclaré le porte-parole de la police de Toronto.

De l'argent pour ne pas révéler des infidélités. La police canadienne a, par ailleurs, exposé le modus operandi des maîtres chanteurs. "Songez à quel point un divorce est dispendieux", débute ainsi un courriel adressé à des utilisateurs en les enjoignant de payer 1,05 bitcoin - soit environ 200 euros -, au risque sinon de voir leur vie personnelle exposée en détail sur la place publique, a raconté le policier.

Et ce n'est probablement qu'un début. Car le groupe de hackers qui a revendiqué le piratage, qui se fait "The impact team", n'a publié la semaine dernière qu'environ 30 gigaoctets de données personnelles et assure en détenir 300. Des informations très précieuses : des millions de noms, comptes utilisateurs, courriels et adresses ainsi que les historiques de navigation de clients d'Ashley Madison.

L'entreprise est elle-même rançonnée. Le propriétaire du site Ashley Madison, le groupe Avid Life Media, affirme avoir lui aussi été victime de chantage, accusé par les hackers de se comporter comme un "trafiquant de drogues qui abuse des accros". L'exploitant basé au Canada s'était vu "ordonner de fermer définitivement les sites Ashley Madison et Established Men" sous peine de voir publier "toutes les données des abonnés, y compris leurs fantasmes sexuels, leurs transactions par cartes bancaires, leurs identités et adresses", selon le message des pirates informatiques en juillet.

"L'un des plus grands vols de données". La police de Toronto mène l'enquête en collaboration avec la Gendarmerie royale du Canada, la police provinciale de l'Ontario, ainsi que les autorités américaines en particulier la police fédérale FBI et le département de la Sécurité intérieure. Une collaboration internationale nécessaire parce que "ce piratage est l'un des plus grands vols de données dans le monde (...) Les informations personnelles de dizaines de millions de personnes ont été compromises, y compris leurs cartes de crédit", a souligné la police canadienne.

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Internet et vie privée font mauvais ménage. Ce piratage de grande ampleur, rendu possible grâce à une faille de sécurité reconnue par l'entreprise, montre une nouvelle fois que les serveurs informatiques ne sont pas inviolables. Certains des utilisateurs du site ont tout de même monté une action en nom collectif au Canada pour demander des comptes au site Ashley Madison, dont le slogan est "Life is short. Have an affair" ("La vie est courte. Prenez un amant"). Ils réclament 760 millions de dollars canadiens, soit 509 millions d'euros, à Avid Life Media. Il faut dire que le site se présente comme très sûr, comme le montre cette capture de sa page d’accueil (ci-contre).