Le maire de Corbeil-Essonnes en garde à vue

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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Jean-Pierre Bechter est entendu dans le cadre d'une enquête sur une tentative d’homicide sur fond de fraude électorale.

L’INFO.  Jean-Pierre Bechter, le maire UMP de Corbeil-Essonnes a été placé mercredi en garde à vue, dans le cadre de l'enquête sur une tentative d'homicide volontaire commise en février dernier  et qui pourrait être liée à des soupçons de fraudes électorales. Bras droit du sénateur de l'Essonne et industriel Serge Dassault Jean-Pierre Bechter est entendu dans les locaux de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) de Versailles, avec le directeur du service jeunesse de la mairie.

Des liens à établir. Mardi, deux perquisitions distinctes avaient eu lieu simultanément à la mairie de Corbeil-Essonnes. L'une concernait des soupçons d'achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux lors des campagnes municipales de 2008 à 2010 remportées par le sénateur Serge Dassault puis son successeur Jean-Pierre Bechter, faits pour lesquels une information judiciaire a été ouverte fin mars à Paris. Cette perquisition était menée par les agents de la division nationale d'investigations financières et fiscales (Dniff).

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L'autre perquisition, qui concernait deux tentatives d'homicide, était menée par les policiers de la brigade criminelle de la Direction régionale de la Police judiciaire (DRPJ) de Versailles. Cette perquisition conjointe "n'implique pas en l'état qu'un financement illicite de campagne, fût-il établi, ait un rapport avec ces deux tentatives d'homicide", avait prévenu mardi soir une source proche de l'enquête qui évoquait avant tout "un souci d'efficacité".

Un climat délétère. Plongée dans un climat délétère depuis plusieurs années, la vie politique à Corbeil-Essonnes a rejoint cet hiver la chronique des faits divers à la suite de deux règlements de comptes. Le 19 février, à l'heure du déjeuner, un boxeur amateur de 32 ans, était grièvement blessé après avoir reçu trois balles de calibre 38, alors qu'il se trouvait en plein centre-ville de Corbeil-Essonnes. Le tireur a agi au su et au vu de nombreux témoins. Il s'agirait d'un chef d'entreprise au passé de voyou, "figure locale" qui a su nouer des amitiés politiques dans tous les camps mais fut surtout proche de Serge Dassault et est actuellement en fuite. Trois semaines plus tôt, un autre habitant de la commune avait été victime d'une tentative d'homicide.

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L'une des victimes, Rachid Toumi, dans une interview accordée au journal Le Parisien, a affirmé que ces règlements de compte étaient la conséquence d'un système présumé d'achat de votes mis en place par le sénateur Serge Dassault et l'actuel maire de la commune, Jean-Pierre Bechter. "Corbeil, c'est devenu un système mafieux. L'argent de Dassault a tout pourri", avait-il lâché dans une vidéo, le visage caché. "Bechter a fait des promesses. Il ne les a pas tenues. Et aujourd'hui, on est en train de s'entretuer", selon lui.