Le kamikaze Najim Laachraoui était un des geôliers d'ex-otages français en Syrie

Najim Laachraoui, identifié comme l'un des geôliers d'ex-otages français, s'est fait exploser à l'aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016.
Najim Laachraoui, identifié comme l'un des geôliers d'ex-otages français, s'est fait exploser à l'aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016. © AFP
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En Syrie, le Belge de 24 ans chargé de surveiller les otages occidentaux se faisait appeler "Abou Idriss". 

Najim Laachraoui, l'un des deux kamikazes s'étant fait sauter à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, le 22 mars dernier, a été identifié comme le geôlier d'otages occidentaux retenus en Syrie entre 2013 et 2014, ont affirmé vendredi des sources proches de l'enquête. Celui qui est notamment soupçonné d'être l'artificier des attaques du 13 novembre, à Paris, aurait ainsi été l'un des gardiens des quatre journalistes français libérés en avril 2014, après dix mois de captivité. Une information qui a déjà été dévoilée par le JDD fin mars, puis confirmée par Le Parisien vendredi. Il aurait aussi été chargé de surveiller le journaliste américain James Foley, décapité en août 2014 par l'organisation terroriste.  

"Identifié formellement". Parti en Syrie en février 2013, le Belge de 24 ans se faisait appeler là-bas "Abou Idriss". Selon l'une des sources proches de l'enquête, les journalistes français avaient indiqué que l'un de leurs geôliers se prénommait ainsi. "Nicolas Hénin a identifié formellement" cet "Abou Idriss" comme étant Najim Laachraoui, a déclaré son avocate Me Marie-Laure Ingouf, vendredi. Deux Français avaient déjà été identifiés par les ex-otages :  Mehdi Nemmouche, tueur présumé du Musée juif de Bruxelles, puis Salim Benghalem, proche des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly, auteurs des attentats de janvier 2015 en France. 

Questions scientifiques. Face aux otages occidentaux, l'homme se serait montré "moins brutal que son comparse" Medhi Nemmouche, écrit Le Parisien. D’après les témoignages recueillis par le quotidien, le djihadiste diplômé en électromécanique à Bruxelles s'amusait "parfois à lancer des questions de sciences auxquelles ses prisonniers devaient répondre". En janvier 2014, les otages remarquent un changement chez "Abou Idriss". Le jeune homme conquiert la confiance de ses supérieurs et prend du galon. A la fin du mois, rapporte Le Parisien, il se volatilise : les otages n'ont plus affaire à lui. 

Revenu de Syrie et convoyé par Abdeslam. Revenu de Syrie en se faisant passer pour un migrant, sous le faux nom de Soufiane Kayal, Najim Laachraoui est décrit comme un homme au fort potentiel intellectuel. Il refait surface en septembre 2015. C'est Salah Abdeslam qui vient le chercher le 9, pour le ramener en Belgique. Les deux hommes avaient été contrôlés à la frontière austro-hongroise, en provenance de Budapest. Ils étaient alors en compagnie d'un autre suspects des attentats de Paris : Mohamed Belkaïd, alias Samir Bouzid, tué lors de la perquisition de Forest, en Belgique.

Coordinateur présumé des attentats de Paris. C’est aussi sous la fausse identité de Soufiane Kayal que Najim Laachraoui avait loué une maison à Auvelais, près de Namur, utilisée par certains membres des commandos du 13 novembre. Des traces de son ADN y ont été retrouvées, ainsi que dans une planque de Schaerbeek, où avaient été confectionnées les ceintures d'explosifs ayant servi aux kamikazes parisiens et où Salah Abdeslam s'est ensuite caché durant sa cavale.

Surtout, Najim Laachraoui, est soupçonné d'avoir piloté à distance les attaques parisiennes le 13 novembre au soir. Il était en effet, tout comme Mohamed Belkaïd, en liaison téléphonique étroite avec certains des kamikazes le soir des attentats.

Kamikaze à l'aéroport de Bruxelles. L'homme, considéré comme le membre le plus dangereux du réseau par les services de renseignement, s'est fait exploser le 22 mars dernier à l'aéroport de Bruxelles, avec Ibrahim El Bakraoui. Les deux kamikazes ont déclenché leurs explosifs dans le hall d'entrée une heure avant qu'un troisième kamikaze, Khalid EL Bakraoui se fasse exploser à la station de métro Maelbeek.