Le cannibale se savait dangereux

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avec Fabienne Le Moal , modifié à
Nicolas Cocaign a assuré qu’il avait lancé des appels au secours pour être aidé. En vain.

"Personne ne m'écoutait. J'ai fait des appels au secours en disant que j'étais un homme susceptible d'être dangereux. Je suis passé à l'acte et on m'a pris au sérieux". Nicolas Cocaign, le détenu accusé d'avoir tué un autre détenu, puis mangé un morceau de ses poumons, a assuré lundi avoir eu conscience de sa dangerosité, au premier jour de son procès devant la cour d'assises de la Seine-Maritime.

Un enfant turbulent

Nicolas Cocaign, 38 ans, s'est longuement exprimé sur son histoire et le mal-être qui l'habite depuis toujours. Né en 1971, il a été abandonné quelques semaines après sa naissance par sa mère, une femme âgée alors de 21 ans sans domicile fixe, elle-même confiée à l'Aide sociale à l'enfance quand elle était petite. A trois ans, Nicolas Cocaign est adopté par un couple de Petit-Quevilly, dans la banlieue de Rouen qu’il qualifie de "très bons parents".

Mais très vite, il est considéré comme "un enfant turbulent" suscitant l'inquiétude de son entourage. A six ans, il est suivi par une psychologue qui l'accompagnera durant toute son enfance et son adolescence. Dans un témoignage écrit, elle dit qu'elle lui servait de "repère" pour "discerner le bien et le mal".

Pulsions incontrôlables

Lui assure que ses difficultés ont empiré avec un viol qu'il aurait subi à l'âge de treize ans. Se disant gouverné depuis par de "violentes pulsions sexuelles" et des désirs morbides d'anthropophagie, il est placé un peu plus tard dans un foyer d'où il fugue.

A 22 ans, il est condamné pour trafic et détention de stupéfiants avant d'autres condamnations pour des faits de violences puis des viols. A plusieurs reprises, il fait l'objet de mesures d'hospitalisation d'office notamment sous la pression de ses parents qui le considèrent comme "dangereux" pour la société. Mais quand il sort, il ne poursuit ni traitement médicamenteux ni suivi psychiatrique.

"Les suivis psychiatriques n’avaient pas de réponse, explique à Europe 1 son ex-femme. Nicolas Cocaign s’en est pris à elle. "J’ai été taillé au cutter, il m’a brûlé avec sa cigarette, il avait creusé ma tombe, etc. "J’ai mis ça sur le compte de sa maladie mais les gens compétents qui auraient du l’aider n’ont rien fait" déplore aujourd’hui son ex-compagne.

"On nous laissait patauger dans la semoule" :

Bataille d’experts en vue

Le procès doit se poursuivre jusqu'à jeudi avec notamment les dépositions des experts psychiatres, prévues mercredi. Les deux premiers avaient conclu à son "irresponsabilité pénale" en raison d'une structure et d'un fonctionnement à caractère "psychotique". Des conclusions ensuite invalidées au par cinq autres confrères qui avaient estimé que son discernement n'était pas "aboli" mais simplement "altéré" au moment des faits.