La mère infanticide peine à s’expliquer

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avec AFP
Accusée d'avoir tué ses trois nouveau-nés, elle pourrait être atteinte d'un déni de grossesse".

 

Virginie Labrosse, 39 ans, accusée d'avoir tué puis congelé ses trois nouveau-nés, découverts en 2007, a eu le plus grand mal à s'expliquer lundi devant les assises de Savoie. Le premier jour de son procès a notamment donné lieu à une querelle d'experts sur son "déni de grossesse".

 

"Je ne sais même pas si c'était des êtres humains. Je ne savais pas quoi faire. On panique", a témoigné d'une voix entrecoupée de sanglots cette employée municipale, qui comparaît libre. "Ce n'était pas un acte logique. Il n'était pas question de m'en débarrasser, de les brûler, quelque part c'était à moi", a-t-elle ajouté.

 

L’autre affaire des "bébés congelés"

 

Révélée moins d'un an après l'affaire des "bébés congelés" dans laquelle Véronique Courjault a été condamnée à huit ans de prison en 2009, cette nouvelle affaire avait provoqué un engouement médiatique.

 

Le 22 août 2007, l'ancien compagnon de l'accusée, Philippe Viguet Poupelloz, avait découvert les corps décomposés de deux des nourrissons, emballés d ans des sacs plastique et enfermés dans une malle de leur pavillon à Albertville, en Savoie, où le couple avait emménagé un an plus tôt.

 

Virginie Labrosse avait rapidement avoué avoir accouché seule, puis avoir tué les nouveau-nés en 2001 et 2003. Elle avait également indiqué être responsable de la mort d'un troisième en 2006, dont elle conservait le corps dans un carton. Elle avait auparavant entreposé leurs corps dans un congélateur mais avait dû les en sortir lors du déménagement.

 

Un "déni de grossesse" ?

 

Pour un expert-gynécologue, l'accusée est atteinte de déni de grossesse dans "sa forme clinique extrême" car "sans conscience d'une vie qui s'exprime" au moment de l'accouchement. "Il s'agit d'un cas d'école de déni de grossesse où personne n'a pu intervenir, ni aider une femme en souffrance", a soutenu l'expert estimant que les infanticides auraient pu continuer "si on ne l'avait pas arrêtée".

 

Cette position n'est en revanche pas partagée par l'expert-psychiatre qui a assuré à la cour qu'il s'agissait seulement d'un déni de grossesse "partiel". "Elle avait conscience de ses grossesses tardivement, les refusait, plus prisonnière des secrets que de dénis de grossesses", a-t-il dit, estimant l'accusée atteinte d'"un syndrome dépressif majeur" ayant "altéré son discernement".

Les experts ont également souligné la nécessité d'un "verdict clément" pour permettre à l'accusée, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, de poursuivre sa nouvelle vie de mère. Le verdict est attendu vendredi.