La gênante intervention du chef de la police

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Frédéric Péchenard aurait évité des poursuites à son fils, interpellé pour ivresse et outrage.

Le patron de la police nationale serait intervenu en 2009 pour éviter des poursuites à l'encontre de son fils, révèle Le Parisien de jeudi. Un nouveau cas de passe-droit qui fait suite à "l’affaire Dufeigneux", dévoilée par Europe 1 la semaine dernière, dans laquelle le chef de cabinet adjoint du Premier ministre avait évité un embarrassant contrôle d’alcoolémie, avant d'être poussé à la démission et de perdre son mandat local.

Dans la nuit du 17 au 18 février 2009, le fils du Directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Péchenard, est interpellé sur les Champs-Elysées, à Paris. Le jeune homme de 16 ans est en état d'ivresse et n'hésite pas à insulter l'agent qui le contrôle. Il est donc conduit au commissariat du VIIIème arrondissement de Paris, "avant d'être rapidement libéré".

D'après un procès verbal publié par le quotidien, le fils du patron de la police aurait notamment dit au brigadier qui l'avait verbalisé pour conduite d'un scooter en état d'ivresse: "tu fais qu'un métier de con, je vais te muter à la circulation".

Aucune poursuite judiciaire

Le quotidien, qui publie des extraits de deux procès-verbaux et d'une note de service pour appuyer ses affirmations, souligne que la plainte déposée par un gardien de la paix parisien pour outrage à agent n'a engendré aucune poursuite judiciaire.

"Peu après les policiers sont sommés d'oublier l'évènement et les différentes procédures sont effacées", assure le journal qui cite un extrait d'un rapport interne au commissariat concerné. "J'ai reçu pour consigne de Monsieur (nom masqué) de ne pas placer l'interpellé en GAV (garde à vue), de ne pas aviser la permanence de nuit du Parquet, ne pas auditionner le mis en cause (...)", déclare notamment un fonctionnaire de permanence dans ce rapport interne.

"Monsieur Péchenard s'est déplacé dans nos locaux pour récupérer son fils", précise-t-il, ajoutant que le DGPN a alors rencontré le Gardien de la paix outragé seul à seul. L'entourage du patron de la police nationale a démenti toute intervention pour faire retirer la plainte ou "enterrer" la procédure.

"Une opération de déstabilisation"

Jean-Claude Delage, du syndicat Alliance Police Nationale, a vivement réagi à ces accusations, qualifiant Frédéric Péchenard "d'homme intègre". "Je ne vois pas Frédéric Péchenard faire des passe-droit", a-t-il martelé au micro d'Europe 1.

"Le directeur général de la Police nationale est un grand flic, reconnu de tous, un homme intègre, loyal, reconnu même par ses adversaires comme quelqu’un de droit, qui à notre sens n’exercera jamais aucune pression dans une affaire", a poursuivi le syndicaliste.