L'octogénaire avait assassiné son gendre pour venger sa fille

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Benjamin Peter avec , modifié à
Il le soupçonnait d'avoir assassiné sa fille quelques années plus tôt. Jean Bastouill, 89 ans, comparait depuis lundi devant les assisses à Perpignan.

Trois coups de feu pour abattre celui qu'il accuse d'être l'assassin de sa fille. C'est le procès de la vengeance d'un père qui s'est ouvert lundi devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales, à Perpignan. Jean Bastouill, 89 ans, y comparait pour l'assassinat en juillet 2010 de son ex-gendre, Jean-Charles Messmer, 63 ans, anesthésiste et médecin-légiste. L'octogénaire accusait ce dernier d'avoir tué sa fille,  Anne-Marie Bastouill, officiellement morte sous les seuls yeux du médecin d'une rupture d'anévrisme. Un malaise foudroyant que les proches de la défunte avait très vite mis en doute. 

Un homme cagoulé fait feu trois fois. L'affaire commence en juillet 2010. Le docteur Messmer est abattu sur la terrasse de sa maison de Rivesaltes par un homme cagoulé. Les gendarmes bouclent le secteur et un voisin, qui se dit intrigué par l'agitation, vient se présenter à  eux. L'homme se nomme Jean Bastouill. Il est le père de l'ex-femme de la victime, décédée deux ans plus tôt. L'octogénaire est aussitôt interpellé.

"J'ai flingué ce rapace, ce monstre qui a tué ma fille". Jean Bastouill va très vite reconnaitre les faits. "J'ai flingué ce rapace, ce monstre qui a tué ma fille", lâche-t-il aux enquêteurs de la gendarmerie. Selon lui, le médecin aurait empoisonné Anne-Marie, qui souhaitait divorcer. Le docteur Messmer se serait procuré un puissant poison à la pharmacie de l'hôpital de Perpignan, en prétextant qu'il devait euthanasier son chien. Il aurait, selon Jean Bastouill, en réalité fait une piqure à son épouse, avant de précipiter l'incinération du corps.  Plus insupportable encore pour le vieil homme, son gendre avait ensuite hérité de la propriété familiale. L'homme s'y était même installé avec sa nouvelle compagne après la mort d'Anne-Marie.

La partie civile conteste cette version. La partie civile entend bien contester cette vision des faits à l'audience. L'an dernier, l'enquête sur la mort d'Anne-Marie Bastouill avait abouti à un non lieu. Mais la procédure a été jointe à celle des assises, pour mieux comprendre les circonstances de l'assassinat du docteur Messmer.

"Je voulais voir le procès Messmer". Dès les premières minutes de l'audience lundi, Jean Bastouill, présenté comme un "bon papa" par ses enfants, a reconnu les faits. "Ce que j'ai fait, c'est sur que cela ne se fait pas. Mais pendant deux ans et demi, nous avons vécu l'enfer avec ce docteur", lance-t-il dans un sanglot depuis le box. "Et si je ne me suis pas fait justice en prison, poursuit-il en évoquant le suicide, c'est parce que je voulais voir le procès Messmer". Mardi, la cour se penchera sur les circonstances qui ont amené ce patriarche, très apprécié et très entouré par ses proches comme lundi à l'audience, a tiré trois coups de chevrotine sur le docteur Messmer.