L'ex-député Kucheida en correctionnelle

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avec AFP , modifié à
Il aurait réalisé 47.000 euros de dépenses litigieuses sur le compte d'un bailleur social.

Il sera convoqué devant le tribunal correctionnel le 13 novembre prochain. Jean-Pierre Kucheida devra répondre d'abus de biens sociaux et sa fille de recel d'abus de biens sociaux concernant le bailleur social Soginorpa, quand il était président.  La décision a été prise mercredi à Douai après une journée de garde à vue de l'ancien député socialiste et maire de Liévin, dans le Pas-de-Calais.

"Nous allons demander à cette audience qu'un juge d'instruction soit désigné, qu'une réelle enquête soit menée par ce juge d'instruction", a indiqué Me Frank Berton, l'avocat de Jean-Pierre Kucheida, à l'issue de la garde à vue de son client.

Convoqué par la police judiciaire de Lille, Jean-Pierre Kucheida était arrivé peu avant 09 heures au commissariat de Douai. Aux journalistes qui l'attendaient, il a confié ironiquement : "être très heureux que vous soyez aussi nombreux à la rencontre d'un défenseur du bassin minier depuis 42 ans".

47.000 euros de dépenses litigieuses

Les enquêteurs de la PJ ont interrogé l'ancien député socialiste sur son utilisation présumée à des fins personnelles de la carte bleue de la Soginorpa, un bailleur social qui gère quelque 62.000 anciens logements miniers. L'ex-député est soupçonné d'avoir réglé avec cette carte des notes dans de grands restaurants, des factures de parking dans les aéroports et des déplacements à l'étranger.

Au total, les dépenses litigieuses s'élèvent à 47.000 euros, sommes déjà remboursées et "justifiées" selon le maire de Liévin. Ce dernier assure avoir des preuves à fournir sur ces remboursements. "A chaque fois que j'ai fait des cartes bleues, je les ai faites dans l'intérêt de la société (...). Qu'on me laisse m'expliquer. Qu'on ne me condamne pas avant que j'ai pu donner les différentes explications", a-t-il déclaré mardi soir.

La fille de l'élue également poursuivie

La fille de l'élu, Marie, chargée de mission au conseil régional Nord/Pas-de-Calais depuis 2009, a également été renvoyée devant le tribunal correctionnel. Le procureur de la République de Douai, Eric Vaillant, de son côté a expliqué que Jean-pierre Kucheida et sa fille avaient "refusé de répondre aux nombreuses questions des policiers pendant leur garde à vue" mais que l'enquête avait été "suffisamment complète" pour prendre la décision de les poursuivre.

Selon son père, il lui est reproché "d'avoir travaillé sur une exposition et un livre (sur les enfants des cités minières, en 2006, ndlr), dans lesquels je n'ai pratiquement jamais été mêlé, sauf au niveau de la décision", a insisté Jean-Pierre Kucheida. "On est en train de lui faire un procès qui n'a pas lieu d'être. Elle travaillait pour une agence qui n'a rien à voir avec la Soginorpa", a-t-il assuré.

D'autres enquêtes en cours

Le parquet de Douai avait ouvert en mars une enquête préliminaire pour "abus de biens sociaux", à la suite d'une dénonciation des commissaires aux comptes de la Soginorpa le mois précédent. Deux cadres de la Soginorpa avaient été auditionnés en mai au siège du bailleur social, à Douai, par les enquêteurs de la division économique et financière de la PJ de Lille.

A la suite de cette enquête, Jean-Pierre Kucheida avait quitté à la fin juin - peu après la perte de son siège de député - la présidence de la Soginorpa, une société par actions simplifiée (SAS) filiale de l'Epinorpa, un établissement public rattaché à la région Nord/Pas-de-Calais, qu'il dirigeait également.

Quatre enquêtes préliminaires visant Jean-Pierre Kucheida ont été ouvertes par le parquet de Lille à la suite de rapports de la Chambre régionale des comptes (CRC) et de lettres de l'ancien maire d'Hénin-Beaumont Gérard Dalongeville. Ce dernier a, de son côté, été mis en examen et révoqué dans une affaire de fausses factures  au sujet d'accusations de financement occulte de la fédération PS du Pas-de-Calais.