L'électricien de Picasso condamné à 2 ans de prison avec sursis

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avec AFP
Pierre Le Guennec et son épouse ont été reconnus coupable de recel d’œuvres. Le couple soutenaient mordicus que les 271 œuvres étaient un cadeau informel de Jacqueline Picasso.

Pour le tribunal correctionnel de Grasse, Pierre Le Guennec et son épouse n'ont pas bénéficié d'un don de Pablo Picasso. C'est ce qu'estime les juges qui ont condamné vendredi le couple à deux ans de prison avec sursis. Les deux prévenus étaient jugés pour "recel" de 271 œuvres volées de Picasso entreposées pendant 40 ans dans leur garage du sud de la France. Les œuvres, saisies par la justice, vont être remises à l'administrateur de la Picasso Administration, Claude Ruiz-Picaso, qui représente tous les héritiers, a également annoncé vendredi le président du tribunal correctionnel de Grasse, Épilogue d'une rocambolesque histoire qui a fait le tour du monde.

L'affaire. Depuis le début de l'affaire, les retraités soutenaient mordicus que les 271 œuvres empilées dans un carton sont un cadeau informel de Jacqueline Picasso, dernière épouse de l'artiste, fait en 1971 ou 1972 dans un couloir de son mas de Mougins. "Elle m'a dit 'ça c'est pour vous'", relate seulement Pierre Le Guennec, qui a répondu "merci madame" à Jacqueline. Peu impressionné en rentrant chez lui, il découvre "en vrac" dans la boite "des dessins, des esquisses, du papier froissé", avant de reléguer le tout dans son garage durant quatre décennies.

En septembre 2010, le couple avait fait le voyage à Paris pour présenter son trésor à Claude Ruiz-Picasso, portrait craché de son père, en charge de l'authentification et du droit moral des œuvres. Les six héritiers de l'artiste avaient porté plainte.

Un homme manipulé par des marchands d'art véreux. Durant le procès, les témoignages de proches et d'experts de Picasso ont tous convergé pour détruire la thèse d'un don. Et les trois avocats défendant le couple Le Guennec, semblant peu préparés, n'ont produit aucun témoin défendant la bonne foi de leurs clients. Les avocats incisifs et de la famille Picasso ont donné le coup de grâce en décrivant - sans preuves - Pierre le Guennec comme un pion manipulé par des marchands d'art véreux, tentant d'écouler des œuvres initialement volées par son cousin "Nounours", l'ex-chauffeur de Picasso.

"Je n'ai jamais pu comprendre qu'on puisse faire avaler ça". Aucune œuvre n'est signée ou dédicacée, une façon pour l'artiste de se protéger des vols dans ses ateliers, ont indiqué des témoins, comme Gérard Sassier, fils d'Inès, femme de chambre de l'artiste durant 34 ans. Les héritiers de Picasso, désireux de récupérer les œuvres, n'ont pas mâché leurs mots. "Je n'ai jamais pu comprendre qu'on puisse faire avaler ça. C'est comme si vous allez chez le boulanger pour une baguette et qu'il vous en donne 271 !", a réagi avec gouaille Maya Widmaier-Picasso, fille du peintre. "Un rassemblement d'objets de cet ordre, c'est tout à fait renversant", a commenté Claude Ruiz Picasso, qui n'a pas chiffré leur valeur.

Des "pépites" dans le lot. Les 271 œuvres de l'électricien - qui s'échelonnent entre 1900 et 1932 - avaient été projetées sur un écran du tribunal, dans un silence monacal. Dévoilant quelques pépites : des dessins stylisés de femmes et de chevaux, neuf collages cubistes très rares de l'époque de sa collaboration avec Georges Braque, une étude de la "période bleue" ou encore des œuvres plus intimes comme des études de sa maîtresse Fernande, des dessins de sa première femme Olga ou un petit cheval découpé réalisé pour ses enfants.

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