Jugé pour la mort d'un ado, un chirurgien réfute toute faute

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Frédéric Michel avec et AFP
Le chirurgien, qui avait pris en charge l'adolescent, mort après deux jours d'agonie, s'est défendu lundi, à la barre du tribunal de Strasbourg, de toute faute ou manquement.

Plus de six ans après le décès à l'hôpital d'un adolescent, le chirurgien qui l'avait pris en charge s'est défendu lundi, à la barre du tribunal de Strasbourg, de toute faute ou manquement.  Le Dr Raphaël Moog, 46 ans, spécialisé en chirurgie pédiatrique viscérale à l'hôpital de Strasbourg-Hautepierre, est jugé jusqu'à mercredi pour "homicide involontaire". La justice lui reproche d'avoir trop tardé à pratiquer l'ablation de la rate du jeune Maxime Walter, 15 ans, qui se l'était fracturée en septembre 2008 lors d'une violente chute à VTT. Finalement, le jeune homme était mort après deux jours d'agonie.

Le chirurgien tarde à se déplacer. Maxime était un espoir du cyclo-cross, mais au cours d'un banal entrainement, il chute lourdement. Très vite pris en charge, tout se complique aux urgences pédiatriques. D'abord, le chirurgien attend plusieurs heures avant de se rendre pour la première fois au chevet du jeune homme. Mais la présidente du tribunal attend surtout de comprendre pourquoi, alors que Maxime souffrait d'une importante hémorragie interne et que son état se dégradait d'heure en heure, le chirurgien ne l'a pas opéré.

Il ne reconnaît aucune faute. Les réponses du médecin, qui manquent de clarté, agacent alors la présidente. "Maxime saignait, ses jambes étaient marbrées, son ventre gonflé. Vous lui avez administré des dizaines de poches de sang. Il pesait 50 kilos à son arrivée, à sa mort, deux jours plus tard, son poids était de 63 kilos", énumère alors la présidente du tribunal. Mais le chirurgien ne reconnaît aucune faute. "Vous referiez pareil ?", demande alors la juge. "Je m'assurerai d'une meilleure collaboration avec le réanimateur et l'anesthésiste", explique le prévenu.

Le médecin a ensuite expliqué que, au vu des premières informations qui lui avaient été transmises par l'équipe médicale le dimanche, il avait estimé à distance que le patient était dans un état "stable". Et qu'il avait fait confiance à l'anesthésiste qui avait examiné le garçon. Le chirurgien n'avait finalement pratiqué l'ablation de la rate que le lundi matin, au lendemain de l'accident, ce qui n'avait pu empêcher le décès.

"Il persiste et signe". Aujourd'hui, les parents de Maxime accusent le coup. "Ce qui est dramatique, c'est qu'avec ce qui a été fait, les souffrances qu'il lui a fait endurer, il dit bien qu'il ne s'est pas trompé. Il persiste et signe. Il ne se remet pas en question. Après tout ça, ce n'est pas lui qui a pu décider de ce qu'il s'est passé. Il a été soutenu par un système", estime la mère du jeune garçon au micro d'Europe 1.

Défendu par ses confrères. A la barre, les confrères du chirurgien louent ses qualités humaines et professionnelles. Et sur les faits et la pratique de la médecine, leur discours est semblable. "Ce sont les personnes sur place qui sont responsables du patient", a ainsi souligné le Dr Isabelle Lacreuse, affectée dans le même service que le Docteur Moog. Quant au chef de service du prévenu, le Pr François Becmeur, il a vanté les qualités d'un "bon médecin" et expliqué qu'il avait lui-même "donné un coup de main" lors de l'ablation de la rate finalement pratiquée sur l'adolescent. "Vous avez tous les mêmes réponses, manifestement préparées", s'exaspère la présidente du tribunal de Strasbourg.

Le tribunal doit entendre mardi les auteurs de plusieurs expertises réalisées pendant l'instruction et qui, selon la partie civile, sont toutes "accablantes" pour le prévenu.

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