Joué-lès-Tours : des témoignages qui jettent le trouble

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avec AFP , modifié à
La famille de Bertrand Nzohabonayo, tué par des policiers qu'il avait agressés au couteau, souhaite que les autorités produisent des "éléments objectifs", pour étayer l'accusation d'un acte de nature terroriste.

La version des policiers dans l'affaire de Joué-les-Tours est vivement contestée, notamment par la famille de Bertrand Nzohabonayo, tué par les forces de l'ordre, qu'il avait agressés au couteau. La famille du jeune homme, âgé de 20 ans, souhaite donc que les autorités produisent des "éléments objectifs", pour étayer l'accusation d'un acte de nature terroriste, évoquée par les enquêteurs. Pour couper court aux "rumeurs", le parquet de Tours a décidé d'organiser mercredi une conférence de presse à 11h30 au tribunal.

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Il crie "Allahu Akbar", selon les policiers. D'abord il y a la version des policiers. Celle rapportée le jour des faits. Celle qui atteste la piste de l'acte terroriste. Selon les policiers, le jeune homme converti à l'islam a pénétré l'hôtel de police de sa propre initiative en criant "Allahu Akbar". Là, il s'est alors attaqué à trois fonctionnaires, avant d'en blesser deux grièvement au couteau. La thèse d'un acte commis au nom de l'islam radical étant privilégiée, la section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie.

Des cris sans connotation religieuse selon certains témoins. Mais des habitants de Joué-lès-Tours ont toutefois émis dans les médias des doutes sur cette thèse. D'après certains témoins, Bertrand Nzohabonayo aurait été conduit à l'intérieur du commissariat par les fonctionnaires et ne serait pas venu de son plein gré.

"J'ai vu les quatre policiers prendre le monsieur pour le rentrer à l'intérieur. Ils lui ont dit 'calmez-vous'. Et le monsieur a commencé à crier 'Ahhhh' et à se débattre", raconte le témoin contacté par iTélé. Un autre témoin interrogé par l'AFPTV assure également que le jeune homme criait de protestation, mais sans connotation religieuse.

Écoutez le témoin contacté par iTélé :

Convoqué par les policiers pour des faits antérieurs. Des proches de la victime, viennent d'ailleurs étayer cette version des faits, assurant que l'homme a été conduit au commissariat par les forces de l'ordre qui souhaitaient l'interroger au sujet d'une agression survenue la veille, rapporte Le Parisien.

"Cette affaire pourrait découler de l'histoire d'un policier qui s’est battu avec des jeunes la veille des faits, et qui aurait porté le premier coup", abonde Ghyslain Vedeux, responsable du conseil représentatif des associations noires d'Indre-et-Loire, cité par Mediapart.

Un reportage de France 3 à Joué-lès-Tours détaille cette version :

"La famille a le droit de connaître la vérité". Face à ces versions contradictoires, la famille a demandé, par la voie de leur avocat, que les autorités produisent des "éléments objectifs", pour étayer l'accusation d'un acte de nature terroriste. "Face aux versions données par plusieurs témoins, dont un à visage découvert, qui contredisent la version policière, la famille est légitime à poser des questions, elle a le droit de connaître la vérité sur les circonstances exactes de la mort" du jeune homme, a déclaré lundi Me Jérémie Assous.

Les autorités peuvent-elles "confirmer qu'il existe des éléments objectifs accréditant la version policière ?", s'interroge Me Assous qui, relevant la proximité de commerces des lieux du drame, souhaite que soient produites des images de vidéosurveillance.

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Le parquet veut couper court aux rumeurs. Du côté du parquet, les magistrats sont formels : la version policière est fiable. "Aucun élément ou témoignage recueilli à ce jour au cours de l'enquête, ne permet de remettre en cause la version des faits telle qu'elle résulte, non seulement des déclarations des fonctionnaires de police victimes, mais encore de celles de témoins tiers qui étaient présents dans le commissariat ou sur la voie publique", a réagi lundi soir le parquet de Paris.

Le parquet de Tours a d'ailleurs décidé d'organiser mercredi une conférence de presse à 11h30 au Tribunal. "Il s'agit d'un point presse intermédiaire pour couper court aux rumeurs qui mettent en cause le fait qu'il ait été tué dans des circonstances de légitime défense" des policiers, a réagi le procureur de la République Jean-Luc Beck.

Sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait auparavant dit n'avoir "aucune raison de remettre en cause le récit" des policiers.