Joaillerie Winston : de 9 mois à 15 ans pour les huit accusés

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Chloé Pilorget-Rezzouk avec AFP , modifié à
Après quatre semaines de procès, la cour d'assises de Paris a rendu son verdict concernant le double braquage spectaculaire de la joaillerie Harry Winston.

La cour d'assises de Paris a condamné vendredi huit hommes à des peines allant de 9 mois de prison à 15 ans de réclusion criminelle pour le double braquage en 2007 et 2008 de la joaillerie Harry Winston. Ces vols de bijoux furent surnommés les "casses du siècle" avec un butin d’une valeur de 78,9 millions d’euros. Retour sur les protagonistes de cette affaire, dont les principaux ont été condamnés au-delà des réquisitions de l'avocat général qui avait réclamé des peines de 18 mois à 12 ans de prison.

Douadi Yahiaoui, le "cerveau" des deux braquages. Il a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle vendredi soir. C’était le seul des huit accusés à comparaître détenu. Les autres, ayant déjà purgé deux à trois ans de détention provisoire, arrivaient à pied au tribunal. "Si je suis présent devant vous, c'est pour assumer mon rôle, mon rôle exact", a affirmé, Douadi Yahiaoui, à la barre, lors de la dernière journée. Cet homme de 50 ans, dit "Doudou", est considéré par l'accusation comme le "cerveau" des deux vols de 2007 et 2008.

"Dans la hiérarchie des accusés, il est au tout premier plan. […] C'est le cerveau, la tête pensante de l'équipe. Il est celui qui a tout organisé, recruté les braqueurs, donné les instructions et s'est chargé d'écouler les bijoux", avait résumé l'avocat général, Sylvie Kachaner.

"Mon client n'est pas le cerveau du siècle", avait plaidé, jeudi, son avocat, Me Frédéric Trovato, en référence à l'appellation "casses du siècle" accolée à ces audacieux braquages, en demandant à la cour de ne pas lui infliger une peine "excessive". Le délinquant a déjà purgé 23 ans de prison pour des vols et trafics de stupéfiants.

Le vigile tenait "un rôle tout à fait majeur". Lui a écopé de cinq ans de prison dont trois avec sursis. C’est l’autre figure incontournable de ce double coup mémorable : l’ancien vigile du joaillier, Mouloud Djennad, 39 ans, était jugé pour "complicité de vol en bande organisée avec arme" Il avait commencé à travailler dans cette bijouterie Harry Winston en 2007, après une longue période de chômage et de petits boulots.

 "J'ai une pensée pour les victimes d'Harry Winston, mes anciens collègues", a déclaré celui qui a donné aux malfaiteurs les informations qui ont favorisé la réussite des vols. "J'ai honte chaque jour. Vous allez me donner une peine, j'assumerai".  Selon la représentante de l'accusation, "sans lui rien ne se serait produit. Il a un rôle tout à fait majeur ».

Les six autres accusés. La cour a également condamné Farid Allou, 49 ans dont vingt passés en prison pour des vols à main armé, à dix ans de réclusion criminelle. En état de récidive légale, l'homme avait reconnu sa participation aux deux braquages. L'accusation avait requis dix ans à son encontre. "C'est le numéro deux de l'équipe, l'associé, le bras droit et l'ami de Douadi", avait résumé Sylvie Kachaner.

Contre Karim Debaa, 32 ans, qui a admis sa présence au second braquage et contre lequel cinq ans avait été requis, la cour a prononcé une peine de six ans. Les avocats des deux hommes avaient demandé qu'ils ne retournent pas en prison.

Après douze heures de délibération, le jury a aussi condamné à des peines de six ans de prison Hassen Belferroum, 32 ans, et Faudile Yahiaoui (neveu de Douadi), qui contestaient leur participation aux braquages mais dont des traces ADN ont été relevées dans la joaillerie. L'avocat général avait requis six ans à leur encontre et leurs avocats plaidé l'acquittement.

Pour les deux derniers accusés, la cour a prononcé une peine de trois ans dont dix-huit mois avec sursis, contre deux ans requis, à l'encontre de Patrick Chiniah, 40 ans, qui a mis en relation Douadi Yahiaoui, son beau-frère, et le vigile, et neuf mois de prison, contre dix-huit mois requis, contre Areski Yahiaoui (frère de Douadi) accusé de recel de bijoux.

Au final et compte-tenu de la détention provisoire déjà effectuée, cinq des accusés ont été maintenus en prison ou réincarcérés et trois autres, Mouloud Djennad, Patrick Chiniah et Areski Yahiaoui, remis en liberté.

Le préjudice revu à la baisse.  Lors du procès, le préjudice du joaillier, évalué dans un premier temps à plus de 100 millions d'euros, a été revu à la baisse à 78,9 millions d'euros. Par ailleurs, sur les 900 bijoux dérobés, seuls 279 ont été récupérés par les enquêteurs. Aucun des bijoux du premier braquage n'a été retrouvé, alors que les deux-tiers des pierres du second ont pu être récupérés. Elles étaient cachées pour l'essentiel au domicile du cerveau présumé de l'affaire, Douadi Yahiaoui.