Indre : une "gentille" mamie soupçonnée d'une quarantaine d'escroqueries

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La pharmacie de Luçay-le-Mâle fait partie des victimes de "Germaine" © capture Google Street View
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M.R. , modifié à
À 77 ans, cette femme ne se refusait rien et payait des lettres de change sans provision ou des chèques en bois.

Pharmacie, agent immobilier, vétérinaire, coiffeuse, restaurateur, garage, particulier... La liste des victimes de "Germaine" (le prénom choisi par La Nouvelle République qui révèle l'affaire vendredi, ndlr) n'en finit plus. Pas moins d'une quarantaine de personnes sont parties prenantes dans cette affaire. La "gentille" mamie de 77 ans est désormais sous curatelle.

Une "gentille" mamie dont on ne se méfie pas. "C'est une mamie adorable et on lui fait confiance d'emblée", explique l'une des victimes. D'autres la qualifient de "gentille mamie", "charmante dame"... Personne ne s'est méfié de Germaine dont la combine était pourtant bien huilée. Au commerçant en électroménager, la septuagénaire avait demandé une cuisinière, un aspirateur, un four micro-onde et une cafetière. Des biens qu'elle a réglé avec une lettre de change. Mais au moment d'encaisser le montant, la lettre est revenue avec la mention "impayée". Un stratagème que la retraitée ne s'est pas privée de répéter.

Une facture très salée. Une voiturette achetée à un couple new-yorkais installé dans le Tarn-et-Garonne : 4.500 euros réglés en lettre de change sans provision. Un séjour de trois mois dans un "village retraite" : 3.000 euros de frais de bouche et de logement jamais payés puisque Germaine a quitté les lieux du jour au lendemain. Des frais de médicaments : 1.000 euros d'impayés que la pharmacie a réussi à récupérer après de nombreuses démarches administratives. 

Une coupe, un brushing et une permanente à domicile : 80 euros de lettre de change. Et même les vaccins des quatre chiens de Germaine : 150 euros de chèque en bois. La liste des escroqueries est très longue et à chaque fois, la vieille dame déménageait pour éviter tout ennui.

Jusqu'au squat d'un appartement. "Dès la première visite de l'appartement, la septuagénaire a insisté pour avoir les clés", explique un agent immobilier escroqué. Une pratique très inhabituelle mais "elle a prétexté vouloir simplement prendre des mesures pour ses meubles et je lui ai laissé le trousseau que je devais récupérer le lendemain". Mais à son retour, Germaine était déjà installée "et comme nous étions en période hivernale, il n'a pas été possible de l'expulser". Elle ne partira qu'en juin avec trois mois de loyers impayés, soit 1.680 euros.

Une prévenue absente. Interpellée en janvier 2016 par les gendarmes de Buzançais, dans la région où elle a sévi, l'arnaqueuse en série a été placée sous curatelle. Elle est poursuivie pour des émissions de chèques en violation d'une injonction bancaire, escroqueries et abus de confiance. Le 23 novembre, elle ne s'est pas présentée au tribunal d'Auch, dans le Gers. L'affaire a été renvoyée au 31 mai prochain, le temps que son avocat de Toulouse prenne connaissance de l'épais dossier de sa cliente.