Incidents de Moirans : la permission de sortie serait "entachée de suspicions"

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CB , modifié à
Pour Nicolas Comte, secrétaire général adjoint d'Unité SGP Police-FO, les fauteurs de troubles de Moirans ont pu s’inspirer des gens du voyage qui ont bloqué fin août l’autoroute A1.
INTERVIEW

Comment la situation a-t-elle pu dégénérer autant ? La question se pose après les violences qui ont émaillé mardi la ville de Moirans, en Isère. Voies SNCF coupées, voitures en feu, saccages : des dizaines de gens du voyage se sont soulevés pour demander la sortie de prison de deux d'entre eux, afin que ces derniers puissent assister aux obsèques de l'un des leurs, mort dans l'accident d'une voiture volée. Pour Nicolas Comte, secrétaire général adjoint et porte-parole d'Unité SGP Police-FO, cette situation s’explique par deux raisons : la taille de la ville, et, surtout, le précédent de l’autoroute A1, qui a pu "inspirer" les fauteurs de troubles.

"Il suffit d’une dizaine d’individus déterminés". "Pour les gens qui se sont livrés à ces dégradations, c’est assez facile. Il s’agit d’une petite commune, il n’y a pas beaucoup de force de police et de gendarmerie à proximité, il faut donc un certain temps pour rétablir l’ordre. Il suffit donc d’une dizaine d’individus déterminés pour commettre ce genre de troubles", estime Nicolas Comte.

Mais selon le syndicaliste, c’est surtout l’événement survenu fin août sur l’autoroute A1 qui dû inciter les gens du voyage à avoir recours aux même méthodes. Une soixantaine de gens du voyage avaient bloqué la circulation dans le sens Paris-Lille, réclamant que la justice libère, sous escorte policière, le fils d’un des membres de la communauté, pour qu'il puisse assister aux funérailles de son père tué dans une fusillade.

"On a qu’à faire comme sur l’autoroute A1". "Ces derniers avaient cru qu’établir un bras de fer, en bloquant l’autoroute pendant une quinzaine d’heure, en troublant l’ordre public, leur permettrait d’obtenir ce qu’ils désiraient. (…) Au final, il y avait effectivement eu une décision de permission de sortie. Je crois que, ce qui a pu passer dans la tête des gens qui ont commis les dégradations mardi soir, c’est de se dire : 'on a qu’à faire comme sur l’autoroute A1 et ce qui nous a été refusé une première fois, sera accepté la deuxième fois'", analyse Nicolas Comte.

"L’impression que la justice cède au chantage". Jean-Pascal Violet, l'avocat du détenu de la communauté des gens du voyage de Moirans, a déposé ce mardi une nouvelle permission de sortie "sous escorte" que le juge d'application des peines d'Albertville "examinera au plus tôt". Nicolas Comte estime que, si une décision de justice est prise en faveur d’une permission de sortie, elle sera forcément "entachée de suspicions". "Si le juge accède à la demande de libération, tout le monde aurait l’impression que la justice cède au chantage, ce qui serait une mauvaise chose. Aujourd’hui, si la libération est accordée, on donnerait un signal, à tort ou à raison, de céder à un chantage inadmissible", réagit-il.

Ecoutez l'interview intégrale de Nicolas Comte :


Moirans : "Les individus seront identifiés...par Europe1fr