Ils l'insultent, sa mère débarque

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avec Yann Terrou , modifié à
Trois lycéens ont été interpellés pour avoir insulté une autre élève, fille d’une policière.

Fin mars, lors d’une pause à la sortie du lycée Antonin Artaud, dans le XIIIe arrondissement de Marseille, trois lycéens auraient pris à partie une autre élève en l’insultant. Quelques dizaines de minutes plus tard, ils ont été arrêtés, menottés et placés en garde à vue pendant plusieurs heures.

C’est la lycéenne agressée qui a elle-même donné l’alerte. En prévenant sa mère, qui est officier de police dans la commune toute proche de Plan-de-Cuques. Entre les lycéens, il n'y aurait pas eu de violence physique à proprement parler, seulement un "jet de cannette".

Une enquête de la police des polices

Pour interpeller les trois élèves, la mère de la lycéenne et des collègues policiers sont intervenus. Les syndicats d'enseignants affirment qu'ils étaient douze au total. La commandante de police rétorque qu'ils n'étaient que trois.

Pour faire toute la lumière sur cette affaire, le préfet de police a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête de l'Inspection générale de la police nationale. "J’attends d’abord que mes fonctionnaires agissent dans le cadre de leurs fonctions, de leur mission, de leurs compétences et n’introduisent pas de confusion entre l’intérêt général et des intérêts particuliers", a rappelé le préfet Philippe Klayman.

"Nous sommes en plein délire"

Depuis l'arrestation des trois lycéens, parents d’élèves et enseignants ne décolèrent pas. "Nous sommes en plein délire. C'est une dérive sécuritaire extrêmement grave où un officier de police confond sa fonction et ses relations familiales", s’est insurgé Alain Barlatier, le secrétaire académique du syndicat SNES. Cette affaire était comme d'autres "petits conflits que l’on peut gérer à l’intérieur de l’établissement", a fait remarquer Maria Ignacio, professeure d’espagnol.

Les enseignants et les parents d’élèves pointent par ailleurs plusieurs manquements dans la procédure. A commencer par le fait qu’"aucun flagrant délit enfin ne permettait à la police d'agir hors de sa juridiction", insiste le SNES.

Les trois lycéens ont été libérés après l'intervention d’un avocat. Leurs familles ont saisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité.